by Jean M. Auel
— Elle a tué son enfant ? ! s’exclama Jondalar, horrifié. Quand tu as raconté qu’elle était responsable de la mort de trois jeunes gens, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un accident.
— Non, ce n’était pas un accident. Attaroa les a empoisonnés, bien qu’elle le nie farouchement.
— Empoisonné ! Quelle femme pourrait tuer son enfant ? s’indigna Jondalar. Et pourquoi ?
— Parce qu’il a eu le tort de vouloir aider une amie, Cavoa, la jeune femme que vous avez rencontrée. Elle était éprise d’un homme avec qui elle projetait de s’enfuir. Son frère essayait aussi de les aider. Ils ont été pris tous les quatre. Attaroa a épargné Cavoa parce qu’elle était enceinte, mais elle a juré de tuer la mère et l’enfant, si le bébé était un garçon.
— Je comprends mieux pourquoi Cavoa a l’air si malheureux et si craintif, fit Ayla.
— Je porte une lourde responsabilité, avoua S’Armuna dont le visage devint soudain blême.
— Toi ! Que reprochais-tu donc à ces jeunes ? demanda Jondalar.
— Oh, rien. L’enfant d’Attaroa était mon servant, et je le considérais presque comme le mien. J’aime Cavoa, je souffre pour elle, mais je suis responsable de la mort des trois autres aussi sûrement que si je leur avais fait avaler le poison moi-même. Sans moi, Attaroa n’aurait jamais su où trouver le poison ni comment s’en servir.
La vieille femme n’arrivait pas à cacher son désespoir.
— Tuer son propre enfant, répéta Ayla en hochant la tête comme pour chasser cette idée monstrueuse. Comment a-t-elle pu ?
— C’est un mystère, admit S’Armuna. Je vous raconterai tout ce que je sais, mais rentrons d’abord, suggéra-t-elle en jetant des regards inquiets autour d’elle.
Elle n’avait nulle envie que ses révélations pussent tomber dans des oreilles indiscrètes.
Ayla et Jondalar la suivirent, ôtèrent leur pelisse et s’approchèrent du feu pendant que la vieille femme l’alimentait et y déposait des pierres à chauffer pour préparer une infusion. Lorsqu’ils furent bien installés à déguster le breuvage brûlant, S’Armuna resta silencieuse un moment pour rassembler ses pensées.
— Je ne sais plus comment tout a commencé. Sans doute avec les premières querelles d’Attaroa et de Brugar, mais cela ne s’est pas arrêté là. Brugar a continué à battre Attaroa pendant sa grossesse. Il a refusé qu’on me prévienne quand elle a accouché. Je ne l’ai su qu’en l’entendant hurler de douleur. Je suis venue l’aider, mais il ne m’a pas laissée entrer. La délivrance fut difficile et Brugar interdisait tout ce qui aurait pu la soulager. Je suis convaincue qu’il se réjouissait de la voir souffrir. Il semble que l’enfant soit né avec une malformation. D’après moi, c’était à cause des coups qu’Attaroa recevait, et bien que ce ne fût pas flagrant à la naissance, je me suis vite aperçu que la colonne vertébrale de l’enfant était déviée et fragile. Il y avait sans doute d’autres choses, mais je ne puis l’affirmer, car on ne m’a pas autorisée à l’examiner.
— Était-ce un garçon ou une fille ? demanda Jondalar, les explications de S’Armuna n’ayant toujours pas levé ses incertitudes.
— Je l’ignore, avoua S’Armuna.
— Je ne comprends pas. Comment peux-tu l’ignorer ? s’étonna Ayla.
— Personne ne le savait, excepté Brugar et Attaroa, et ils ont toujours gardé le secret. Contrairement aux autres, l’enfant n’avait pas le droit d’apparaître nu en public, et ils lui ont choisi un nom neutre. L’enfant s’appelait Omel.
— Et Omel n’a jamais rien dit ? demanda Ayla.
— Non, l’enfant a gardé le secret. Brugar devait le menacer de représailles horribles si jamais son sexe était découvert.
— Pourtant, certains signes ont dû se manifester avec l’âge, objecta Jondalar. Le corps que j’ai vu était celui d’un adulte.
— Omel ne se rasait pas, affirma S’Armuna, mais on ne voyait pas non plus si sa poitrine poussait. Ses vêtements étaient toujours amples pour camoufler sa silhouette. Sa colonne vertébrale déviée n’avait pas empêché l’enfant de se développer, et il était grand pour une fille, ce qui ne prouve rien étant donné la taille d’Attaroa. Était-ce dû à sa fragilité, toujours est-il qu’Omel possédait une sensibilité qu’on trouve rarement chez les hommes.
— Mais lorsque l’enfant a grandi, tu n’as pas réussi à te faire une idée ? dit Ayla.
S’Armuna salua la sagacité d’Ayla d’un sourire admiratif.
— Au fond de moi, j’ai toujours considéré Omel comme une fille, mais peut-être souhaitais-je que cela fût. Brugar voulait persuader tout le monde que c’était un garçon.
— Cela ne m’étonne pas, dit Ayla. Dans le Clan, tous les hommes souhaitent que leur compagne ait au moins un garçon, sinon il se met à douter de sa virilité, parce que cela signifie que l’esprit de son totem est faible. Si Omel était une fille, Brugar a peut-être eu peur que cela se sache. Mais ceux du Clan ont coutume de se débarrasser des nouveau-nés difformes en les abandonnant aux charognards. Alors si le bébé est né avec une malformation, surtout si c’était un garçon et qu’il n’aurait jamais pu acquérir les qualités de chasseur que ceux du Clan attendent d’un homme, il est possible que Brugar ait voulu cacher cette tare.
— Il est difficile de spéculer sur les mobiles de Brugar, et quels qu’ils aient pu être, Attaroa était complice.
— Comment Omel et les deux garçons sont-ils morts ? demanda Jondalar.
— C’est une longue histoire, commença S’Armuna, qui n’aimait pas être bousculée. Contre toute attente, Omel est devenu le favori de Brugar. L’enfant était le seul qu’il n’ait jamais battu ni menacé. Je m’en félicitais, mais je me suis souvent demandé ce que cela cachait.
— Se doutait-il que les coups infligés à Attaroa avaient pu provoquer les déformations de l’enfant ? demanda Jondalar. Essayait-il de se racheter ?
— C’est possible. Pourtant il en rendait Attaroa responsable. Il la traitait de bonne-à-rien et disait qu’elle était incapable de mettre au monde un enfant normal. Ensuite, il s’emportait et la battait. Mais ses coups avaient cessé d’être le prélude aux Plaisirs. Il se détourna d’elle et reporta toute son affection sur l’enfant. Omel l’imitait et se mit à traiter Attaroa aussi mal que lui. A mesure qu’elle se sentait exclue, Attaroa devint jalouse d’Omel, jalouse de l’affection que lui portait Brugar, et surtout de l’admiration d’Omel pour Brugar.
— Quelle épreuve pour elle ! commenta Ayla.
— Oui. Brugar avait trouvé un nouveau supplice pour la faire souffrir. Mais elle ne fut pas la seule à en pâtir. Peu à peu, Brugar malmena toutes les femmes et les hommes l’imitèrent. Ceux qui tentèrent de s’opposer aux méthodes de Brugar furent roués de coups, ou chassés. Un jour, après une bagarre particulièrement violente au cours de laquelle Brugar lui cassa un bras et plusieurs côtes, Attaroa se rebella. Elle se promit de le tuer, et me supplia de lui fournir une recette pour parvenir à ses fins.
— Tu as accepté ? demanda Jondalar, incapable de réfréner sa curiosité.
— Celle Qui Sert la Mère connaît de nombreux secrets, Jondalar, et même des secrets redoutables, surtout si elle a étudié avec les zelandonia. Mais quiconque est admis dans la Communauté de la Mère doit jurer devant les Cavernes Sacrées et les Légendes des Anciens de ne jamais dévoiler ses secrets. Celle Qui Sert la Mère abandonne son nom et son identité, et prend le nom et l’identité de son peuple. Elle devient le lien entre la Grande Terre Mère et Ses enfants, et le médium qui permet aux Enfants de la Terre de communiquer avec le monde des esprits. Servir la Mère implique de servir aussi Ses enfants.
— Je comprends, fit Jondalar.
— Mais tu ne comprends peut-être pas à quel point l’esprit de Celle Qui Sert devient soudé à son peuple. Le souci du bonheur de son peuple ne cède que devant les prérogatives de la Mère. C’est une lourde responsabilité, équivalente à celle du chef. Celle Qui Sert la Mère devient le guide, celle qui mène à la compréhension
, à la découverte du sens caché de toute chose. Une partie de l’enseignement consiste à acquérir le savoir qui permettra d’interpréter les signes, les visions, les rêves que la Mère envoie à Ses enfants, ou suscite en eux. Il existe des procédés pour quêter les conseils du monde des esprits, mais en définitive tout repose sur l’interprétation de Celle Qui Sert. L’exigence de Servir du mieux possible ne m’a jamais quittée, mais l’amertume et la rancœur ont hélas obscurci mon jugement. A mon retour, je haïssais les hommes et le comportement de Brugar m’a conduite à les haïr davantage.
— Mais pourquoi t’accuses-tu de la mort des trois jeunes gens ? As-tu enseigné les poisons à Attaroa ? ne put s’empêcher de demander Jondalar.
— Je lui ai appris beaucoup, fils de Marthona, mais elle n’avait pas été initiée comme Celles Qui Servent. Cependant, elle a l’esprit vif et elle comprend toujours plus que ce qu’on veut bien lui dire... mais cela aussi, je le savais.
S’Armuna n’en dévoila pas davantage, suggérant qu’elle avait gravement transgressé les vœux de Celles Qui Servent, sans pourtant le dire clairement, laissant à chacun le soin d’en tirer ses propres conclusions.
— De toute façon, c’est moi qui ai aidé Attaroa à établir sa domination sur les hommes – sans doute voulais-je les dominer moi-même. Mais j’ai fait pire : je l’ai poussée et encouragée à prendre le pouvoir, je l’ai persuadée que c’était là le vœu le plus cher de la Grande Terre Mère, et je l’ai aidée à en convaincre les autres femmes, ou au moins une grande partie. D’ailleurs, grâce à la façon dont Brugar les traitait, ce ne fut pas difficile. Je lui ai donné quelque chose à verser dans la boisson favorite des hommes pour les plonger dans le sommeil. De la sève de bouleau fermentée.
— Les Mamutoï préparaient un breuvage similaire –, commenta Jondalar, abasourdi par les aveux de la vieille femme.
— Lorsque les hommes furent endormis, les femmes les ligotèrent. Elles ne se sont pas fait prier. Cette vengeance était comme un jeu pour elles. Mais Brugar, lui, ne s’est jamais réveillé. Attaroa a voulu me faire croire qu’il avait été trop réceptif au breuvage, mais je suis persuadée qu’elle avait ajouté autre chose dans son bol. Elle avait juré de le tuer, et elle a tenu parole. Maintenant, elle prétend le contraire, mais quelle que soit la vérité, c’est moi qui l’ai convaincue que les femmes seraient plus heureuses une fois débarrassées des hommes, et que les esprits des femmes se mêleraient entre eux pour ne créer que des bébés de sexe féminin.
— Et le croyais-tu toi-même ? demanda Jondalar.
— J’avais presque réussi à m’en convaincre. Je n’avais pas énoncé cela aussi crûment – je ne voulais pas m’attirer la colère de la Mère mais c’était suffisamment clair pour qu’Attaroa devine ma pensée. Et elle prend pour preuve la grossesse de quelques femmes du Camp.
— Elle a tort, assura Ayla.
— Oui, je sais, et je me suis lourdement trompée. La Mère n’a pas été dupe de ma ruse. Au fond de moi-même, je sais que les hommes sont là parce qu’Elle en a décidé ainsi. Si Elle ne voulait pas d’hommes, Elle ne les aurait pas créés. Leurs esprits sont nécessaires. Mais si on les affaiblit, la Mère ne peut plus utiliser leurs esprits, et c’est pour cela que si peu d’enfants naissent. Fils de Marthona, tu es très vigoureux, apprécia-t-elle avec un sourire flatteur. Je suis sûre qu’Elle s’est déjà servie de ton esprit.
— Si les hommes étaient libres, tu découvrirais vite qu’ils sont bien assez vigoureux pour provoquer des grossesses, déclara Ayla. Et sans l’aide de Jondalar.
Le géant, qui avait très bien compris l’allusion même s’il ne partageait pas entièrement la théorie d’Ayla, lui décocha un coup d’œil amusé.
— Si je peux me rendre utile, ce sera avec plaisir, assura-t-il.
— C’est une bonne idée, fit Ayla. Mais je disais justement que ce n’était pas nécessaire.
Le sourire de Jondalar se figea. Il venait de se rappeler qu’il n’avait aucune preuve d’être capable d’engendrer des enfants, que la théorie d’Ayla soit ou non exacte.
S’Armuna les observa, comprenant qu’elle assistait à une scène dont elle ignorait les tenants et les aboutissants. Mais quand il devint évident que ses hôtes attendaient avec impatience la suite de son récit, elle déclara :
— Je l’avais aidée, encouragée, mais je ne savais pas qu’Attaroa deviendrait pire que Brugar. Après la mort de Brugar, le sort des femmes s’améliora, ce qui fut loin d’être le cas pour les hommes, ou pour Omel. Le frère de Cavoa était le meilleur ami d’Omel, et il comprît vite la situation, d’autant qu’Omel fut le seul à pleurer Brugar.
— C’est normal, intervint Jondalar.
— Ce n’était pas l’avis d’Attaroa, précisa S’Armuna. Persuadé que sa mère avait tué Brugar, Omel lui en voulait et la défiait. Elle s’est mise à le battre. Elle m’a avoué un jour qu’elle voulait lui faire comprendre ce que Brugar lui avait fait subir, ainsi qu’aux autres femmes. Je sais, bien qu’elle ne me l’ait pas avoué, qu’elle avait caressé l’espoir de récupérer l’affection d’Omel, une fois Brugar parti.
— Ce n’est pas avec des coups qu’on s’attire l’affection de quelqu’un, remarqua Ayla.
— Tu dis vrai, approuva la vieille femme. Jamais personne n’avait levé la main sur Omel et il détesta davantage encore Attaroa. Malgré leur parenté, on aurait dit qu’ils ne pouvaient pas vivre ensemble. C’est à ce moment que j’ai proposé à Omel de devenir mon servant.
S’Armuna fit une pause. Elle leva son bol, mais voyant qu’il était vide, elle le reposa.
— Attaroa a paru soulagée de ne plus avoir Omel dans son foyer. Mais avec le recul, je me suis rendu compte qu’elle avait reporté sa haine sur les hommes. L’aggravation de la cruauté d’Attaroa a coïncidé avec le départ d’Omel. Elle dépassa encore celle de Brugar. J’aurais dû m’en douter. Au lieu d’éloigner Omel, j’aurais mieux fait d’essayer de les réconcilier. Que va-t-elle inventer, maintenant qu’Omel est parti dans l’autre monde ? Tué de ses propres mains.
S’Armuna posa les yeux sur les flammes qui dansaient dans la cheminée, en proie à une vision ineffable.
— Oh, Grande Mère ! s’exclama-t-elle soudain. Ai-je été aveugle ! Elle avait déjà rendu Ardoban infirme et l’avait envoyé dans l’Enclos. Pourtant, elle aimait ce garçon. Dire qu’elle a tué Omel et les deux autres !
— Elle l’a rendu infirme ? s’indigna Ayla. Ainsi, ces enfants dans l’Enclos ont été estropiés volontairement ?
— Oui. Elle voulait les affaiblir, les terroriser, acquiesça S’Armuna d’un air grave. Attaroa a perdu toute raison. Je suis très inquiète.
Incapable de poursuivre, elle enfouit son visage dans ses mains.
— Comment cela finira-t-il gémit-elle. Toute cette souffrance est de ma faute.
— Tu n’es pas seule responsable, S’Armuna, assura Ayla. Sans doute l’as-tu permis, encouragé même, mais ne prends pas tout sur toi. La faute en revient à Attaroa, et peut-être aussi à ceux qui l’ont maltraitée. La cruauté engendre la cruauté, la souffrance alimente la souffrance, et l’abus encourage l’abus.
— Et les malheurs qu’elle a infligés seront transmis à la génération suivante ! cria la vieille femme, que cette éventualité torturait.
Elle se mit à se balancer d’avant en arrière en récitant d’une voix plaintive :
— Combien de ceux, enfermés derrière cette palissade, a-t-elle condamnés à propager son funeste héritage ? Et combien de celles qui l’admiraient voudront l’imiter ? La présence de Jondalar m’a rappelé les devoirs de mon initiation. J’aurais dû être la dernière à tolérer de tels actes, voilà ma responsabilité. Oh, Mère ! Qu’ai-je fait ?
— Inutile de ressasser les fautes du passé, déclara Ayla. L’important est ce que tu comptes faire maintenant.
— Je dois les aider. Il le faut... Mais comment ?
— Pour Attaroa, c’est trop tard, mais il faut l’arrêter. Nous devons aider les enfants et les h
ommes de l’Enclos. Libérons-les d’abord, nous verrons ensuite comment les aider.
S’Armuna considéra la jeune femme qui semblait si confiante et décidée, et se demanda qui elle était vraiment. Les yeux de Celle Qui Sert la Mère avaient été dessillés. Elle se rendait compte à quel point elle avait abusé de son pouvoir, et l’ampleur des dommages qu’elle avait causés. Elle craignait pour son propre esprit, et aussi pour la vie du Camp.
Le silence tomba dans l’habitation. Ayla se leva et prit le récipient dans lequel infusaient les herbes.
— Laisse-moi faire l’infusion, cette fois-ci, demanda-t-elle. J’ai un mélange d’herbes délicieux.
S’Armuna acquiesça sans un mot et Ayla fouilla dans sa poche à médecines.
— J’ai repensé aux deux jeunes infirmes de l’Enclos, dit Jondalar. Boiter ne les empêchera pas de devenir tailleurs de silex, si seulement ils trouvaient quelqu’un pour leur apprendre. Il doit bien exister un tailleur parmi les S’Armunaï. Tu devrais en parler à la prochaine Réunion d’Été.
— Nous n’allons plus aux Réunion d’Été des S’Armunaï, déplora la vieille femme.
— Ah, pourquoi ? s’étonna Jondalar.
— Attaroa ne veut plus, expliqua S’Armuna d’une voix éteinte. Les autres n’ont jamais été très bienveillants à son égard. Son propre Camp la tolérait à peine. Lorsqu’elle a pris le pouvoir, elle a rompu avec tout le monde. Peu après son accession au rang de Femme Qui Ordonne, certains Camps ont envoyé une délégation pour nous convier chez eux. Ils avaient dû apprendre que de nombreuses femmes vivaient sans compagnon. Attaroa les a renvoyés avec des insultes, et elle s’est peu à peu aliéné tous les autres S’Armunaï. Maintenant, nous n’avons plus aucune visite, ni de parents ni d’amis. Tout le monde nous évite.
— Finir comme cible, suspendu à un poteau n’est pas une perspective réjouissante, commenta Jondalar.
— Je t’ai bien dit qu’elle devenait de plus en plus cruelle. Et tu n’étais pas la première victime. Il y a quelques années, un étranger qui entreprenait le Voyage s’est présenté. En voyant tant de femmes vivre apparemment seules, il s’est montré arrogant et condescendant. Il s’est imaginé qu’on allait l’accueillir à bras ouverts. Attaroa a joué avec lui comme un lion avec sa proie, et elle a fini par le tuer. Mais le jeu lui avait tellement plu qu’elle a recommencé avec tous les visiteurs. Elle s’amusait à les avilir en leur faisant toutes sortes de promesses avant de se débarrasser d’eux. Elle avait la ferme intention de recommencer avec toi, Jondalar.