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Mon fiancé, sa mère et moi

Page 2

by Brenda Janowitz


  Elle porte un pantalon cigarette noir et une chemise blanche aux manches relevées. A ses pieds, une simple paire de ballerines noires de chez Chanel. Vanessa porte la même en marron. Monique a noué ses cheveux en chignon serré, le même que celui de la mère de Vanessa sur la photo.

  — Absolument, dis-je en prenant ma coupe et en essayant en même temps d’écarter discrètement le verre de ma mère, au risque de le faire tomber de la table basse.

  — Alors, Brooke, parlez-moi de vous. Je veux tout savoir. Dites-moi ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas. Tout.

  — Elle veut une robe avec des manches, dit ma mère, qui déplace le bol de bonbons posé sur la table pour récupérer sa coupe de champagne.

  — Maman! dis-je avec un sourire figé, tentant de paraître au comble du bonheur à côté de ma petite maman mince et complètement bourrée.

  — On va s’en occuper, intervient heureusement Monique. Pendant que la maman va regarder les robes destinées à la mère de la mariée, je vais jeter un coup d’œil aux robes de mariée avec la fille. D’accord?

  — Oh, mais je n’ai pas l’intention de voler la vedette à ma fille, proteste mollement ma mère en se laissant conduire devant un portant garni de robes ravissantes.

  Monique ne crée que des robes haute couture, toutes faites à la main, sur mesure, aux finitions délicates et soignées. Devant les somptueux modèles, ma mère a l’air d’une petite fille qui découvre ses cadeaux de Noël.

  Pendant qu’elle fait son choix, Monique et moi nous dirigeons vers un autre espace du showroom où elle me présente différents styles de robes en mousseline.

  — Vous allez commencer par essayer plusieurs modèles afin de voir ce que cela donne sur vous, ce que vous préférez et ce qui vous va le mieux, d’accord ?

  — D’accord.

  — Avez-vous déjà une idée de ce que vous voulez ?

  — Je n’ai pas encore arrêté mon choix.

  — Très bien, dit Monique, alors allons-y.

  J’entre dans la cabine d’essayage avec Vanessa, qui m’aide à passer la première robe. Elle a une forme trapèze et une encolure en forme de cœur.

  — Est-ce que ça va? dis-je à Vanessa.

  — Bien sûr, répond-elle avec un sourire en faisant bouffer la robe autour de moi, je m’amuse bien, pourquoi ?

  — Parce que, je ne voudrais pas que cela te rappelle de mauvais souvenirs ou que cela te fasse de la peine, dis-je en me contemplant dans le miroir.

  — Tout va bien, répond Vanessa en souriant toujours, je suis heureuse pour toi.

  Je constate qu’elle porte son alliance. J’ignore si elle la porte tous les jours ou bien si elle l’a remise pour éviter que l’amie de sa mère ne l’interroge sur son divorce imminent.

  — Alors, qu’en pensez-vous ? dis-je à Monique, qui nous a rejointes dans le salon d’essayage.

  — Ravissante, comment vous sentez-vous dans cette robe ? demande-t-elle en commençant à dessiner à grands traits sur un imposant carnet de croquis.

  — Pas mal.

  — Celle-ci maintenant, dit-elle en désignant une autre robe au corset lacé monté sur une jupe étranglée à la taille et partant en corolle vers le bas.

  Elle sort pendant que je me change, et j’en profite pour interroger Vanessa.

  — Tu as envie d’en parler?

  — Non, mais j’ai un premier rendez-vous la semaine prochaine avec mon avocat pour parler du divorce. Je me suis dit que si tu n’étais pas trop occupée…

  — Bien sûr, tu peux compter sur moi, mais je viens en tant qu’amie ou en tant qu’avocate ?

  — Amie, répond-elle en me souriant.

  Je lui rends son sourire.

  — Comme nous ne travaillons plus dans le même cabinet, je peux te représenter, si tu veux.

  — Tu es spécialisée dans les litiges commerciaux, souligne Vanessa. Si je voulais entamer une action pour un problème de société commerciale, c’est à toi que je ferais appel en premier, mais dans ce cas précis, j’ai besoin de mon amie.

  — Et celle-ci, qu’en penses-tu ? dis-je en tournoyant sur moi-même comme une petite fille.

  — Trop princesse, commente Vanessa.

  Je sors de la cabine pour recueillir l’avis de Monique.

  — Très jolie, dit-elle en se remettant à dessiner pendant que je fais quelques pas devant elle. Comment vous sentez-vous dedans ?

  Le même scénario se reproduit six fois : j’essaie un modèle, je défile devant elles et Monique dessine.

  Après la robe fourreau au décolleté rond, Monique reprend sa place dans le canapé et nous explique comment elle crée chaque robe de mariée. Pour nous faire comprendre comment elle procède, elle sort de leur housse des modèles sur lesquels elle a travaillé récemment, tous plus beaux les uns que les autres – des kilomètres de laçages, des tonnes de tulle et des hectares de soie. J’ai presque peur de poser les doigts sur toute cette virginale blancheur. Une robe en particulier attire mon attention. Avec son vertigineux décolleté en V souligné par une extraordinaire broche en cristal, et sa jupe dont le haut moule les hanches avant de partir en biais jusqu’au sol, elle est somptueuse. Vanessa et moi ne sommes pas avares de ooh ! et de aah ! d’admiration. Je suis éblouie par chaque détail, jusqu’à ce que mon regard tombe sur une minuscule tache d’encre bleue en bas de la robe. Je jette un coup d’œil à Vanessa pour vérifier si elle a noté le défaut, mais elle est déjà passée à une autre robe au décolleté en boule et à taille haute. Je suis complètement tétanisée. Que faire? Dois-je révéler à Monique de Vouvray qu’il y a un problème avec l’une de ses robes ? Une de ses plus belles réussites ? Une robe de rêve ? Et si le mariage de celle à qui elle est destinée a lieu ce week-end et qu’il est trop tard pour réparer les dégâts? Je ne veux pas être à l’origine de l’effondrement du rêve d’une fiancée! Et si Monique me croyait responsable ? Et qu’elle m’oblige à porter cette robe ? Déjà que ma mère me trouve grassouillette dans un modèle banal, j’imagine la tête qu’elle ferait en me voyant moulée dans cette robe !

  Bon, reste calme, fais comme si tu n’avais rien vu, passe discrètement à une autre robe, au passage vérifie que tu n’as pas d’encre bleue sur les doigts…

  — Je vois, Brooke, que vous avez repéré mon petit fil bleu porte bonheur, dit Monique.

  — Je n’ai touché à rien !

  — Regardez sur l’envers, dit-elle en s’approchant de moi, c’est une tradition quand vous faites une robe de mariée à la main, vous devez coudre un petit fil bleu pour porter chance. Je fais cela sur chacune de mes robes. Bien, maintenant, venez jeter un coup d’œil à mes croquis, cela vous donnera une idée de ce que je peux réaliser pour vous.

  En quelques minutes et quelques coups de crayon, Monique avait créé six fabuleux modèles intégrant chacun des détails que je préfère et qui me flattent le plus.

  A l’instant où je la vois, je sais que c’est elle. Je le sais, c’est tout. Comme si le croquis me parlait. Même si ce n’est qu’une ébauche en noir et blanc, je me vois dedans. Le corset en forme de cœur épouse la poitrine et est largement décolleté jusqu’aux épaules d’où partent des manches trois quarts qui donnent à la robe une allure merveilleusement romantique. La jupe évasée ne fait pas trop princesse, juste ce qu’il faut. Le détail que j’adore, c’est un large ruban de soie qui ceint la taille et retombe dans le dos depuis un élégant nœud. C’est chic, ravissant, féminin. Tout ce que je pouvais rêver de mieux en matière de robe de mariée.

  — C’est celle-là, dit Vanessa en la pointant du doigt.

  — Je sais, dis-je en souriant au croquis.

  — Ta-da ! s’exclame ma mère en sortant triomphalement d’une cabine d’essayage dans un modèle de Monique.

  Je suis immédiatement en alerte, d’abord, parce que Monique n’a jamais demandé à ma mère d’essayer quoi que ce soit. Elle l’a seulement conduite à un portant pour qu’elle commence à regarder différents modèles de robes de cérémonie afin de se faire une idée. En
suite, parce que la robe que ma mère a enfilée est… une robe de mariée.

  Vanessa éclate de rire avant de se couvrir la bouche de sa main.

  — Est-ce que Monique lui a redonné du champagne ? dis-je à mi-voix.

  Si j’étais Monique, je me précipiterais sur ma mère en lui criant d’enlever cette robe immédiatement, mais Monique a beaucoup trop de classe pour se conduire ainsi. Très calmement, elle s’approche de ma mère et lui dit :

  — Quelle silhouette superbe, madame Miller ! Vous êtes magnifique dans tous mes modèles. Laissez-moi vous aider à enlever celui-ci et nous pourrons parler du modèle qui conviendra parfaitement à la maman de la mariée.

  Alors qu’elles s’éloignent ensemble vers le salon d’essayage, mon portable se met à sonner. Je souris en découvrant que c’est mon fiancé qui m’appelle.

  — Jackie!

  — Brookie, dit-il, comment vas-tu ?

  — Génialement bien, dis-je en fantasmant déjà sur notre couple en tenue de mariés.

  Avec ses cheveux bruns bouclés et ses yeux bleus, Jack peut se permettre de porter n’importe quoi, même un sac en papier. Mais je l’imagine déjà en smoking noir à mes côtés, parce que, tout de même, un sac en papier à côté de ma robe de soie blanche, cela ferait tache.

  — A ce point? Alors j’en déduis que ça se passe bien avec ta mère ?

  Je jette un coup d’œil à ma mère, qui danse toute seule au milieu du salon d’essayage au rythme de la musique de jazz diffusée en fond sonore. On dirait une petite fille à sa fête d’anniversaire.

  — Pas vraiment, dis-je à Jack en soupirant, mais cela n’a pas d’importance. Jack, je l’ai trouvée !

  — Trouvé quoi ?

  — La perfection!

  — Je croyais que c’était moi la perfection! Ne me dis pas que tu as trouvé un autre homme? demande-t-il d’un ton théâtral.

  — Non, je veux dire, oui, tu es la perfection, tu le sais, je ne voulais pas dire ça !

  — Que voulais-tu dire alors ?

  Au son de sa voix, je sais qu’il a sur les lèvres ce petit sourire diabolique qui me fait craquer.

  — Je veux dire que j’ai trouvé la parfaite robe de mariée !

  Rubrique des potins

  On a vu…

  Qui est ce monstre sacré d’Hollywood aperçu hier en train de monter les marches de la maison de couture Monique de Vouvray, dans l’Upper East Side ? Après ses deux mariages ratés, elle avait pourtant juré qu’on ne l’y reprendrait plus! Mais cette visite à la plus célèbre des créatrices de robes de mariée du monde signifie-t-elle qu’elle est enfin prête à s’unir à son petit ami de longue date et le père de son enfant ?

  2

  Depuis que Jack et moi sommes fiancés, nous vivons délicieusement dans le péché dans un trois-pièces de Gramercy Park.

  D’accord, d’accord, nous vivions déjà dans le pêché avant nos fiançailles, mais vous voyez ce que je veux dire. Même si nous avons brûlé les étapes, c’est génial. Cela dit, si on vous le demande, soyez sympa de dire que nous étions déjà fiancés avant d’emménager ensemble. Surtout à ma grand-mère. Elle a quatre-vingt-deux ans et c’est une grand-mère juive très traditionnelle, originaire de Pologne, et qui ne comprendrait pas du tout qu’on puisse cohabiter avec un homme sans être mariée. A son époque, une jeune fille juive comme il faut n’aurait jamais franchi le pas avant d’être passée devant un membre du clergé. A moins d’être poursuivie par les nazis, ce qui dans ce cas aurait été évidemment tout à fait acceptable pour un certain temps. Mais vivre dans le péché au vu et au su de tous, c’est un grand NON !

  Voilà pourquoi elle ignore que Jack et moi vivons ensemble. J’ai failli faire une gaffe lors du dernier dîner de famille. Après deux ou trois verres de vin casher Manischewitz – oui, je sais, on dirait du jus de raisin, mais il vous soûle en un rien de temps –, elle m’a appelée auprès d’elle pour que je lui raconte tout sur mon fiancé. Au début, je ne me suis pas méfiée. Elle a commencé par des questions faciles, du genre : « Où a-t-il passé son enfance? (Dans la banlieue de Philadelphie.) Combien a-t-il de frères et sœurs ? (Trois sœurs.) Que fait son père ? (Juge fédéral du district est de Pennsylvanie.) »

  C’est juste après qu’elle m’a posé la question qui m’a complètement scotchée :

  — Et dans quel quartier habite-t-il ?

  Quand je lui ai prudemment répondu qu’il vivait à Gramercy, elle a eu l’air ravie.

  — Oh, mais c’est formidable, alors vous vivez tout près l’un de l’autre ?

  J’ai fait ce que toute fille dans ma situation aurait fait, j’ai pris un air modeste et j’ai répondu :

  — Oui.

  Ce qui n’est pas un mensonge, reconnaissez-le, puisque c’est vrai, nous vivons l’un près de l’autre. Très, très, très près, d’accord. Inutile de préciser la distance, quasi nulle, puisque nous partageons le même lit.

  Oh, je vous en prie, ne prenez pas cet air offusqué ! Comme si vous étiez capable de dire à votre grand-mère de quatre-vingt-deux ans que vous vivez dans le péché !

  — Il paraît que nous allons avoir prochainement un nouveau dossier très important au cabinet, me dit Jack en ce samedi matin, alors que nous sommes assis devant deux grands mugs de café noir et le journal et que nous papotons tranquillement.

  Oui, c’est un samedi matin ordinaire, avec votre fiancé, un café et le New York Times.

  Le paradis, quoi.

  — C’est super, chéri! dis-je en mordant dans mon bagel au sésame. Quel est l’associé qui a négocié ce contrat ?

  — Mel, je crois, ce qui est une bonne chose, car je sais qu’il apprécie mon travail.

  J’acquiesce avec enthousiasme, car si c’est Mel, le partenaire senior, qui apporte cette affaire à la société, il y a de grandes chances pour qu’il la confie à Jack.

  Je vais vous expliquer : Jack et moi nous sommes connus chez Gilson, Hecht et Trattner, le cabinet d’avocats où nous travaillions tous les deux. C’est pour cela que je connais tous les associés et la façon dont ils travaillent. J’ai quitté ce grand cabinet pour un autre plus petit, mais Jack, qui est toujours chez Gilson, Hecht et Trattner, est récemment devenu lui-même partenaire.

  — Cela pourrait être un très gros coup pour moi, Brooke, dit Jack.

  Au son de sa voix, je lève les yeux de ma tasse pour l’observer. Il attrape une boucle de mes cheveux auburn et la remet derrière mon oreille.

  Je lui caresse la joue. Il ne s’est pas rasé ce matin et son visage pique légèrement, ce qui lui donne un air sexy que j’adore.

  — Tu viens déjà d’être nommé partenaire, Jack. Tout le monde te respecte et apprécie ton travail. Tu as largement fait tes preuves, c’est pour ça que tu as eu cette formidable promotion. Tu serais parfaitement en droit de te reposer un peu maintenant.

  — Brooke, j’en ai vraiment besoin! Il y a plus de trois cents associés chez Gilson, Hecht et Trattner, et plus de cent partenaires. J’ai seulement besoin d’une grosse affaire pour m’imposer une fois pour toutes au sein de la société. D’après les bruits qui courent, il paraît que cette affaire implique une célébrité, et si c’est vrai, cela signifie que les médias vont s’y intéresser, ce qui serait un gros challenge pour moi.

  — Ouahou ! J’espère que c’est J. Lo !

  — Elle ne veut plus qu’on l’appelle comme ça… Je suis très sérieux. Je veux progresser encore dans ma carrière. Nous allons bientôt envisager d’avoir des enfants et je veux pouvoir leur offrir la vie confortable à laquelle tu es habituée.

  Je lui souris et je jette un coup d’œil furtif à ma bague de fiançailles – laquelle est non seulement magnifique, mais hautement symbolique et très chère à mon cœur, car c’est la bague que le grand-père de Jack a offerte à sa grand-mère quand il l’a demandée en mariage. Leur union a duré soixante-six ans, alors elle doit porter chance, non ? La pierre est si claire et si lumineuse que l’on s’y perd, si on la contemple trop longtemps. Je le sais parce que, depu
is que Jack me l’a offerte, cela m’est souvent arrivé. Chaque fois que je la regarde, je me dis que j’ai de la chance d’avoir rencontré Jack. L’homme de ma vie, le seul, le vrai, celui que je cherchais et avec qui je suis fiancée. Désormais, je me sens en sécurité. Avant la fameuse bague, vous avez toujours peur que l’homme que vous aimez vous dise un beau jour qu’il ne vous aime plus, que vous n’y êtes pour rien, que c’est lui, qu’il a rencontré quelqu’un d’autre ou que c’est à cause d’une autre raison tout aussi absurde.

  C’est sans doute parce que cela m’est arrivé beaucoup trop souvent, mais je suis sûre que je ne suis pas la seule dans ce cas. Regardons les choses en face, quand vous approchez de la trentaine, que vous vivez à New York et que vous avez survécu au célibat, votre petit cœur a forcément été amoché une fois ou deux.

  Quarante-sept fois, dans mon cas, mais personne ne tient les comptes.

  Soyons honnête, la dernière relation sérieuse que j’ai eue avant Jack, c’était avec un garçon qui m’a dit un beau jour qu’il ne m’aimait plus, que ce n’était pas ma faute, mais la sienne, et au passage il m’a dit, entre autres choses ridicules, qu’il avait rencontré quelqu’un d’autre.

  Mais, avec Jack, il n’y a pas de risque que cela se produise.

  Je ne le crois pas.

  Y a-t-il un risque que cela se produise avec Jack ?

  — Est-ce que tu as entendu ce que je viens de te dire ? demande Jack en approchant son visage du mien.

  — Bien sûr, chéri ! dis-je en lui souriant.

  Qu’est-ce qu’il disait déjà?

  — Tu avais les yeux fixés sur ta bague, constate-t-il fort à propos.

  — Non, pas du tout ! Si tu me parlais plutôt de cette nouvelle affaire.

  — Je n’ai que très peu de détails pour l’instant. Personne n’en a, en fait, car ce n’est qu’une rumeur. Il paraît que Mel a remporté une grosse affaire et qu’il va la confier à un des partenaires juniors. Le petit veinard qui en aura la responsabilité bénéficiera d’un statut solide au sein du cabinet et assoira sa réputation dans le monde judiciaire pour le reste de sa vie. Pas grand-chose en somme.

 

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