Sexe, Meurtres et Cappuccino

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Sexe, Meurtres et Cappuccino Page 7

by Kyra Davis


  — Tu étais sous la douche, répondit Beck sans la regarder, les yeux toujours fixés sur moi. J’ai acheté un de tes romans, ce matin. Je viens de le commencer.

  — Lequel ?

  — Le premier. Criminellement vôtre.

  Je lui adressai un clin d’œil.

  — C’est une bonne idée de commencer par le commencement. Pas trop Jane Austen pour ton goût ?

  — Au contraire. Quelque chose me dit que je vais adorer ce bouquin. Dena et moi, on a les mêmes goûts, quoique, en général, je n’aie pas une passion pour la fiction.

  — Tu aimes les histoires de vampires.

  — C’est bien ce que je dis.

  Non seulement il était fou, mais il était dangereux. Comment pouvait-on encore croire aux vampires ? Dans quelle réalité vivait Jason Beck ?

  — Je comprends, dis-je prudemment. Il est vrai que dans bon nombre de fictions, il entre une part de vérité historique qui permet au lecteur de s’identifier aux héros.

  — Bien sûr, mais ce n’est pas ce que je voulais dire. Toi qui as lu les livres dont je parle, tu ne t’es jamais demandé si ces êtres n’existaient pas pour de bon ? C’est pourtant évident. Les créatures de la nuit ne sont pas une légende, elles rôdent parmi nous.

  — Je veux bien admettre que Bram Stoker et Anne Rice aient possédé assez de talent pour donner de la vérité à leurs personnages, mais ça s’arrête là.

  — Qu’est-ce qui te permet de l’affirmer ? Rien ! La morale judéo-chrétienne étriquée nous étouffe et bâillonne notre esprit. Il faut élargir ta vision du monde, Sophie. Ouvrir la porte à l’étrange, au bizarre, à l’irrationnel.

  J’interrogeai du regard Dena, qui n’avait soudain rien de plus urgent que de remettre de l’ordre dans son présentoir de capotes phosphorescentes.

  — Pour les besoins de la démonstration, admettons que tu aies raison. Les vampires sont parmi nous. Et ensuite ? Dois-je comprendre que tu souhaites en devenir un, toi aussi ?

  — Pourquoi pas ? Ils ne sont pas fondamentalement mauvais. D’accord, ils boivent du sang mais c’est pour survivre, rien de plus. Qui sommes-nous pour leur donner des leçons, nous qui tuons des vaches et des poulets par gourmandise ? Nous sommes pires qu’eux, quand on y réfléchit !

  Ce type était tellement dingue que je me dispensai de la réserve polie que je manifestais habituellement envers mes nouvelles connaissances. Je m’adossai au comptoir et, glissant mes pouces dans mon ceinturon, je toisai Jason Beck.

  — Et on laisse des gens comme toi en liberté ?

  — Ouaip. Au moins, avec moi, on s’amuse.

  Il commençait à me plaire. Il était schizophrène au dernier degré, mais dans son délire, il ne manquait pas d’un certain panache.

  — Je serais curieuse d’avoir ton avis sur le Père Noël et la créature de Roswell ?

  — Sophie, dit Dena, je sais que tu es très pressée. Je ne voudrais pas te retarder.

  Message reçu. Elle commençait à craindre que je fasse exploser en vol sa belle histoire d’amour avec Jason le Cinglé. Il était temps de battre en retraite.

  — Exact. A un de ces jours, Dena. Jason, j’ai été ravie de te rencontrer. Tu es quelqu’un de… tout à fait rafraîchissant.

  Il éclata d’un rire sonore, que Dena fit taire d’un baiser, avant de m’adresser un sourire triomphant.

  — A bientôt, Sophie. Oh, j’oubliais ! Je fais l’inventaire dimanche. On remet la soirée vidéo à lundi ? Mary Ann est prévenue.

  — Entendu. A lundi.

  Je me dirigeai vers la porte. J’avais la main sur la poignée lorsque Jason me rappela.

  — Eh, Sophie !

  — Oui ?

  — Tu ferais une vampire fabuleuse. Un visage de black et une peau d’une blancheur surnaturelle… Whaou !

  — Merci, mais le statut de mortelle me convient parfaitement. A bientôt, les tourtereaux.

  Une fois sur le trottoir, je regardai de droite et de gauche, perplexe. Où avais-je garé ma voiture ?

  Un type se tenait devant moi, l’air nerveux. Voyant qu’il hésitait à pousser la porte, je lui lançai :

  — Allez-y, c’est une chouette boutique. Pleine de trucs sympa.

  Le pauvre garçon me jeta un regard apeuré. Il ne s’attendait pas à ce que je lui adresse la parole. Je n’en compris la raison qu’une seconde plus tard, en baissant les yeux. C’était le problème, quand on tenait un sex-shop. On attirait immanquablement des pauvres types incapables de prendre leur pied autrement qu’en public. J’envisageai un instant de rentrer prévenir Dena, mais je renonçai. Elle était capable de se débrouiller elle-même. Et puis, à présent, la puissance des ténèbres était à ses côtés pour l’aider en cas de besoin.

  Le lendemain, j’étais en bien meilleure forme. En revanche, je me trouvais dans un état de tension et de nervosité extrêmes. Je m’approchai du miroir et me tournai d’un côté, puis de l’autre, avant de me contorsionner pour vérifier ma silhouette vue de dos. Dans une demi-heure, Darinsky passerait me prendre, et je ne savais toujours pas comment m’habiller.

  Ma tenue — la huitième que j’essayais — était constituée de bottes noires, d’un jean, d’un T-shirt à col en V et d’une veste de cuir. Je me penchai pour vérifier que mes seins ne jailliraient pas à l’improviste de mon décolleté.

  — Un peu trop profond, non ? Qu’est-ce que tu en penses ? demandai-je à M. Katz.

  Le chat, très occupé à se rouler dans un vieux sweater de laine, ne répondit pas. Jamais là quand on avait besoin de lui, celui-là !

  Je ramassai mon top numéro sept, un petit haut moulant à col roulé en soie grise, et le posai devant moi.

  — Mmm… s’il a envie de m’embrasser dans le cou ?

  Langoureusement, M. Katz lécha sa fourrure.

  — Attention, je n’ai pas dit que j’avais envie qu’il le fasse. Mais ce serait faire preuve de manque d’ouverture d’esprit que de ne pas envisager cette éventualité.

  Une fois de plus, j’inspectai mon reflet dans la glace. Il faudrait se contenter de ce T-shirt. D’ailleurs, mes cheveux ne toléreraient pas un changement de plus.

  On frappa à la porte. M. Katz interrompit sa toilette, alarmé.

  Il n’y avait qu’un tocard dans tout San Francisco pour arriver une demi-heure avant un rendez-vous, et il était pour moi. Tout compte fait, ma première impression était la bonne. Je sortais avec un homme des cavernes. Celui-ci frappa de nouveau, plus fort cette fois-ci. Et en plus, c’était une brute.

  — C’est bon, j’arrive ! dis-je en me rendant dans l’entrée.

  Puis, ouvrant la porte à la volée :

  — J’aimerais bien savoir quel est le crétin dans cet immeuble qui vous a ouvert la porte d’en bas ! Je… Oups !

  — Ravie de voir que vous avez une si haute opinion de vos voisins, susurra Theresa Conley.

  Pourquoi le regard de cette femme me faisait-il toujours l’effet d’une giclée d’acide chlorhydrique ?

  — Désolée, vous arrivez au mauvais moment. En fait, je parlais à mon chat et… Non, laissez tomber. Je reprends. Oh, bonjour, Tessie. Ravie de vous voir ! Quel bon vent vous amène ?

  Elle creusa ses joues en arquant les sourcils. Tiens, je n’avais jamais remarqué qu’elle ressemblait autant à un poisson.

  — Je suis venue parce que j’essaie d’être une bonne voisine. Notez que vous ne me facilitez pas la tâche. J’ai pensé qu’il était de mon devoir de vous signaler qu’un individu s’en est pris à votre voiture.

  — Il y a de la casse ?

  Un sourire de satisfaction éclaira le visage ingrat de Theresa Conley.

  — La vitre côté conducteur.

  — Flûte !

  — Eh bien, je voulais juste vous en informer, dit-elle en s’éloignant. Bonjour à votre chat.

  Je claquai la porte, furieuse.

  — C’est bien le moment. Et Darinsky qui arrive dans…

  Je regardai ma montre.

  —... vingt minutes, repris-je à l’attention de M.
Katz.

  Sans un regard de commisération, celui-ci trottina vers ma chambre, la queue dressée, en quête d’autres sweaters à massacrer.

  Je pris mes clés sur la petite table de l’entrée et poussai un cri de rage en m’apercevant que la façade de mon lecteur de CD ne s’y trouvait pas. Je la déposais toujours là en rentrant… sauf quand j’oubliais de l’enlever de la voiture. Y avait-il moyen d’être aussi stupide ?

  Furieuse, je sortis constater les dégâts.

  La veille au soir, je m’étais garée à quelques rues de chez moi, en montant vers le haut de la colline. J’aurais peut-être dû installer une alarme, mais quel intérêt si je ne l’entendais pas ? La plupart du temps, je ne trouvais pas de place de parking à moins de dix kilomètres de chez moi.

  Je ne vis qu’au dernier moment ma voiture, dissimulée derrière plusieurs 4x4. Nom d’un cornet à piston ! Pour une fois, Tessie Conley n’avait pas exagéré. Elle était même en dessous de la réalité. Ma voiture n’avait pas été abîmée, elle avait été passée au presse-purée.

  Le capot et le coffre, forcés, béaient aux quatre vents. La vitre côté conducteur avait été brisée, la boîte à gants arrachée et son contenu éparpillé, les banquettes avant et arrière éventrées, le rembourrage arraché. L’intérieur de ma voiture n’était plus qu’un fatras de mousse jaunâtre, de morceaux de tissus épars, de tapis de sol déchirés. Dans le coffre, la roue de secours avait été lacérée.

  Qui avait pu s’acharner de la sorte sur ma voiture ? Je posai mes mains tremblantes sur le rebord du coffre. Le moteur ne devait pas être en meilleur état. Rassemblant mon courage, je contournai le véhicule, du moins ce qui en restait, et je me penchai sous le capot.

  Le bloc-moteur était intact. Je clignai des yeux, incrédule. Comment, ils n’avaient même pas sectionné quelques fils ? Ils s’étaient pourtant donné beaucoup de mal pour causer un maximum de dommages ! Avaient-ils été interrompus avant d’achever leur victime ?

  Je revins me poster devant la place du conducteur. Tiens, mon lecteur de CD était toujours là. Cela ne rimait à rien ! Qui étaient ces vandales à la manque qui n’emportaient même pas un appareil dernier cri avec programmation des pistes, lecture aléatoire et stabilisateur intégré ?

  — On ne devait pas se retrouver chez vous ?

  Je sursautai en reconnaissant la voix de Darinsky. En me retournant, je vis qu’il se trouvait à quelques pas de moi, devant une entrée d’immeuble toute proche. Son regard se posa sur les restes de ma voiture.

  — On dirait que quelqu’un s’est fait un ennemi. Vous connaissez le propriétaire ?

  — Qu’est-ce que vous fabriquez ici ?

  — C’est là que j’habite.

  — Dans cet immeuble dont vous venez de sortir ?

  — Vos facultés de déduction sont remarquables.

  — Vos facultés d’audition, en revanche, laissent à désirer, répliquai-je.

  Darinsky me jeta un regard d’incompréhension.

  — Ne me dites pas que vous n’avez rien entendu. Ils ont dû faire un sacré boucan pour mettre ma voiture dans un tel état !

  — Elle est à vous ?

  Je le vis s’approcher d’un air curieux.

  — Qu’est-ce que vous dealez, au juste ? De la drogue ?

  — Plaît-il ? Un cinglé vandalise ma voiture et vous voulez savoir si je suis une délinquante ?

  — Regardez votre voiture, Sophie. Celui qui a fait ça cherchait quelque chose. Ne le trouvant manifestement pas dans la boîte à gants ni dans le coffre, il a estimé que cela pouvait avoir été dissimulé dans l’épaisseur des banquettes et des sièges.

  — Il n’y a jamais eu de dope dans ma voiture !

  — Alors ils voulaient autre chose, dit Darinsky en se penchant sur le coffre.

  — C’est de la folie ! Que pourrais-je posséder qui soit assez précieux pour que je le cache dans l’épaisseur de mes sièges ou à l’intérieur de ma roue de secours ?

  — Tout un tas de choses… Des clichés compromettants du maire de San Francisco en galante compagnie, que vous vous proposeriez d’utiliser pour faire chanter le pauvre gars ?

  Il m’adressa un clin d’œil et poursuivit :

  — A la réflexion, non. Willie Brown a donné la preuve que les habitants de San Francisco ne se sentent pas concernés par des détails aussi scabreux qu’une simple affaire de fraude électorale, n’est-ce pas ?

  — Oh, pitié ! Je n’ai pas l’intention de racketter qui que ce soit. Nous sommes dans la réalité, pas dans un de mes bouquins.

  Machinalement, j’ouvris la portière et effleurai les profondes coupures qui lacéraient le siège du conducteur.

  — Il y a autre chose qui vous tracasse ? demanda Darinsky en posant sur mon bras une main amicale.

  — Non… Ecoutez, je suis désolée, mais il faut que j’aille porter plainte.

  — Je vous accompagne.

  — Je vous en prie. Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. On va au bureau de police, on remplit un dossier, et le jour où les types trouvent le temps, ils en prennent connaissance. Ça peut prendre un siècle ou deux.

  Darinsky demeura impassible.

  — C’était une tentative d’humour, soulignai-je.

  — J’avais compris.

  — Vous pourriez faire un effort.

  — Franchement, quand je vois ce qu’on a fait à votre voiture, je n’ai pas envie de rire. Vous avez l’intention de la prendre pour aller au commissariat ?

  — Si c’était de l’humour, vous êtes aussi mauvais que moi. Je ne vais pas conduire ça ! dis-je en désignant l’engin.

  — Pourquoi pas ? Le moteur est intact, les roues aussi.

  — Ce n’est qu’à quelques rues d’ici. Je peux très bien marcher.

  — Sophie, il ne s’agit pas d’une effraction classique. Il vaudrait mieux que la police constate elle-même l’état du véhicule.

  J’esquissai une moue de dépit. Je n’avais aucune envie de monter dans ma voiture aussi odieusement saccagée.

  — Bon, alors voilà ce que je vous propose, dit Darinsky. Je monte chez moi attraper mon appareil photo, je prends quelques clichés des dégâts et on y va.

  — Je croyais avoir été claire. Je n’ai pas besoin de votre aide.

  — Tenez, dit-il en sortant son portable de sa poche. Appelez la police pour les prévenir que nous arrivons.

  Le faisait-il exprès, ou était-il toujours aussi exaspérant ?

  — Je vous ai dit que…

  — Bon, j’ai une meilleure idée. Vous partez tout de suite pour le commissariat et vous les prévenez en route de votre arrivée. Pendant ce temps, je fais les photos et je vous rejoins avec la voiture.

  Il n’y avait pas moyen de discuter. Préférant ne pas prendre de risques — il pouvait devenir violent — je hochai la tête. Après tout, son idée n’était pas si mauvaise.

  Elle ne comportait qu’un inconvénient.

  — Je ne sais pas si je peux vous confier les clés de ma voiture.

  — Je vous ai bien prêté mon portable ! Vu l’état de votre carrosse, c’est moi qui prends le plus de risques.

  Un point pour lui, décidai-je en lui tendant les clés.

  — Je vous retrouve au commissariat. Vous savez où il se trouve ?

  — Je suis passé plusieurs fois devant. Ce sera notre première étape de la visite de San Francisco.

  Je secouai la tête, désarçonnée. Ce type possédait une force d’inertie hors du commun. Qu’aurait-il fallu pour qu’il renonce à sa visite guidée ? Un tremblement de terre ?

  Songeuse, je me mis en route vers le commissariat. En eux-mêmes, les dégâts commis sur ma voiture représentaient un inconvénient mineur. Mon assurance me rembourserait. Ce qui me tracassait, ce n’était pas d’avoir trouvé mon véhicule vandalisé. C’était d’avoir trouvé mon véhicule vandalisé exactement comme dans l’un de mes livres.

  Le flic émit un long sifflement de surprise en voyant la voiture. Darinsky, qui par quelque miracle dont il
semblait avoir le secret venait de trouver une place devant le commissariat, se tenait à côté du policier. Ce dernier, une armoire à glace en uniforme agrémentée d’une moustache de compétition et qui répondait au nom de Gorman, s’approcha du coffre et observa la roue de secours déchiquetée.

  — Vous consommez des stupéfiants ? demanda-t-il en posant sur moi un regard soupçonneux.

  J’ignorai superbement la mimique éloquente de Darinsky.

  — Pas du tout !

  — Pourtant, ils cherchaient bien quelque chose, déclara l’agent Gorman en rabattant le coffre.

  — Merci, j’en étais venue à la même conclusion. Le problème, c’est que je n’ai pas l’habitude de ranger mes affaires dans la garniture de ma banquette arrière ou dans la chambre à air de ma roue de secours.

  — Hu-hum…, marmonna Gorman en effectuant le tour du véhicule. Quelqu’un dans votre entourage pourrait-il vous vouloir du mal ?

  — Des tas de gens, sans doute… mais pas au point de transformer ma voiture en épave sur roues.

  Je songeai aux coups de fil anonymes que j’avais reçus. Etait-ce opportun d’en faire mention ? Après tout, je n’avais pas la moindre preuve.

  — Hu-hum…

  Puis, dévisageant Darinsky, qui s’était approché de moi :

  — Rappelez-moi qui vous êtes ? demanda-t-il.

  — Un ami de Sophie.

  — Hu-hum…

  On ne leur enseignait pas à formuler plus d’une phrase à la fois, à l’école de police ?

  — On rentre finir le rapport, dit-il.

  Un sujet, un verbe, un complément. C’était un peu sec mais je n’en aurais pas plus pour l’instant. Je me tournai vers Darinsky.

  — Vous voulez bien rester près de ma voiture ?

  — Que voulez-vous qu’il lui arrive de plus ?

  — Rien, mais je serai plus tranquille pour discuter avec l’agent Gorman.

  Une fois dans le bureau, le policier me fit signe de m’asseoir. Je restai debout.

  — Encore quelques questions, mademoiselle Katz. Je vous en prie, prenez place.

  J’hésitai. J’avais déjà tout dit et je n’éprouvais aucune envie de subir un interrogatoire en règle, même si je n’avais rien à cacher.

  — Vous êtes sûre que vous n’avez rien à cacher ?

 

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