Sexe, Meurtres et Cappuccino

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Sexe, Meurtres et Cappuccino Page 11

by Kyra Davis


  Le garçon déposa nos verres devant nous pendant que Leah, sourcils froncés, semblait réfléchir.

  — J’ai entendu parler de la femme assassinée près de chez toi, dit-elle lorsqu’il se fut éloigné.

  — C’est moche, hein ?

  — J’espère que tu es prudente, Sophie ? demanda-t-elle en faisant tourner son alliance autour de son doigt. Je n’aime pas te savoir seule.

  — Je ne vis pas seule. Je vis avec M. Katz.

  — En général, ce sont les vieilles dames qui parlent à leur chat comme à un être humain. Tu n’es pas un peu jeune pour ça ?

  — J’ai toujours été précoce.

  Leah laissa échapper un soupir et tendit une seconde serviette à Jack, qui était venu à bout de la première.

  — Et bien sûr, tu ne fréquentes toujours personne ?

  — Si.

  Elle avala de travers et fut secouée d’une quinte de toux.

  — Il fallait le dire !

  — C’est précisément ce que je suis en train de faire.

  — Oui, mais j’ai dû te poser la question. Ça compte pour du beurre.

  — Très bien, reprenons. Au fait, Leah, devine quoi ? J’ai rencontré quelqu’un !

  — Très drôle. Allez, raconte. Qui est-ce ? Je veux tous les détails !

  Le temps que je décrive Darinsky — son physique d’athlète, son job d’entrepreneur, son parcours géographique — le serveur était de retour avec nos assiettes. Leah découpa des morceaux de quesadilla pour Jack, que celui-ci jeta l’un après l’autre sur le sol.

  — Bon, il est Juif, résuma-t-elle avec satisfaction. Maman sera contente.

  — Je n’ai pas l’intention de le lui présenter. Et je t’interdis formellement de lui parler de lui, compris ?

  — Il faudra bien qu’elle soit au courant, si votre relation devient sérieuse.

  — Je viens de le rencontrer. Ce n’est pas une relation sérieuse.

  — Cela pourrait l’être. Tu es trop méfiante avec les hommes, Sophie. Il faut voir les choses en face, tu n’es plus toute jeune. D’un point de vue statistique, tu as plus de chances d’être renversée par un camion que de te remarier.

  — Je ne sais pas ce qui est le pire.

  — Oh, je t’en prie. Tu n’es vraiment sortie qu’une seule fois avec lui ?

  — Deux, si on compte le soir où je l’ai rencontré dans un vernissage et où on a partagé un taxi pour rentrer. On peut considérer ça comme un rendez-vous ?

  — Non.

  Je portai mon verre à mes lèvres.

  — Quels sont les critères pour définir un rendez-vous ?

  — Il faut qu’il t’ait proposé de sortir avec lui à un moment précis, dans un endroit précis, et que tu aies accepté. Ensuite, il doit passer te chercher chez toi, vous devez pratiquer ensemble une activité, puis il doit te raccompagner.

  — Alors nous ne sommes sortis ensemble qu’une seule fois.

  Leah avala une bouchée d’enchilada.

  — Tu n’as pas couché avec lui, j’espère ? Tu sais que si tu couches avant la troisième fois, tu passes pour une fille facile.

  — Non, je n’ai pas couché avec lui.

  — Tu as encore un peu de bon sens.

  — Non, c’est seulement parce que je n’ai pas eu le temps. Juste quand ça commençait à devenir chaud, j’ai dû me sauver pour assister à une surprise-partie. La prochaine fois, je ne me ferai pas avoir.

  — Tu n’y penses pas ! A force de fréquenter cette Dena, tu vas devenir une traînée, Sophie !

  — Traînée, Phophie ! Traînée, Phophie ! répéta joyeusement Jack.

  Leah le secoua par les épaules pour le faire taire. Autour de nous, on nous jetait des regards surpris.

  — Mais non, chéri, murmura-t-elle. Je n’ai pas dit ça ! J’ai dit que tatie Sophie était… était… très peinée. Voilà. Tatie Sophie est très peinée.

  Je me tassai sur mon siège. Devais-je héler le garçon pour qu’il m’apporte un autre margarita ? Visiblement, j’avais fait le mauvais choix ce jour-là. J’aurais dû rester chez moi pour attendre le type à la hache.

  Lorsque Jack consentit enfin à se calmer, je prononçai les seules paroles capables de détourner Leah de son interrogatoire sur ma vie privée.

  — Ma pauvre, tu dois être épuisée.

  Son visage s’éclaira.

  — Je confirme. Entre nous, je ne sais pas comment je tiens le coup. Hier, j’ai renoncé à faire des courses, j’avais trop peur de m’endormir au volant.

  — C’est dingue.

  — Je ne te le fais pas dire. L’autre jour, il m’a fallu cinquante minutes pour lui faire faire sa sieste. Cinquante minutes ! J’étais tellement épuisée qu’au lieu de profiter de mon temps libre, je me suis écroulée sur le canapé et j’ai regardé les infos en continu à la télé. C’est là que j’ai pris conscience que j’étais complètement out. Tu te souviens, j’étais toujours dans le coup ?

  Leah avait toujours eu un train de retard, voire plusieurs.

  — Je m’en souviens, dis-je prudemment.

  — Aujourd’hui, je ne sais même pas qui sont ces J.J. Money et D.C. Smooth, tu te rends compte ?

  Je me redressai sur mon siège, mon attention en éveil.

  — Tiens, ils ont parlé du procès à la télé ? C’est drôle, c’est justement en parlant de ce sujet que j’ai fait la connaissance de Darinsky. Il y avait un article à la une du New York Times le jour où il a essayé de me voler mon journal. J’adore ce genre de coïncidences. C’est tellement romanesque ! Quoi qu’il en soit, si tu veux mon avis, il est innocent.

  — Qui ?

  — D.C. Smooth, bien sûr.

  — Ah oui. Pour en revenir à cet Anatoly… il a vraiment essayé de te voler ton journal ?

  — C’est un peu plus compliqué. Bref, j’ai étudié tout ça, et je trouve que ça ne colle pas. D.C. affirme que J.J. Money l’a contacté pour le provoquer. Celui-ci lui aurait proposé de se retrouver dans le carré VIP de je ne sais plus quelle boîte de nuit pour régler une vieille histoire.

  — D’accord, mais je…

  — Donc, D.C. se rend à l’endroit prévu. Il est armé jusqu’aux dents et a prévenu tout un tas de gens qu’il allait faire la peau de J.J. Money. Pas de chance, si on peut dire, J.J. ne se montre pas. D.C. s’énerve, sort guetter l’arrivée de l’autre. Il rencontre des amis, à qui il répète ses intentions meurtrières.

  — Tu sais, Sophie, je…

  — Et voilà qu’on retrouve D.C. dans une ruelle du quartier, penché sur le cadavre de J.J., troué de balles. Il y a également une arme, celle qui a servi, mais c’est celle de J.J., pas celle de D.C. Je ne sais pas ce qu’avait fumé D.C., mais personne n’est assez stupide pour annoncer à qui veut l’entendre qu’il va tuer quelqu’un, abattre sa victime et attendre tranquillement près du corps que la police arrive, pour expliquer aux enquêteurs qu’il n’est pas coupable.

  Je soulignai mes propos d’un petit coup de cuiller sur la table.

  — Pourquoi avoir tué J.J. avec sa propre arme à feu ? Ça ne rime à rien…

  — Sophie ?

  — Mmm ?

  — Ça m’est totalement équilatéral.

  Je réfrénai un sourire. J’avais oublié qu’il était vain d’essayer de parler à Leah d’autre chose que de sa petite personne. C’était le seul sujet qui l’intéressait vraiment.

  Sur sa chaise haute, le jeune Jack était à présent occupé à verser son lait avec soin sur les morceaux de nourriture qu’il avait éparpillés autour de lui.

  — Jack, arrête. Tu m’entends ? Maman a dit non. Jack ? Bon sang ! que fabrique le serveur ? Il ne faut pas une heure pour apporter trois desserts !

  Le reste du repas fut exclusivement consacré à tenter de circonscrire au maximum les catastrophes de l’ouragan Jack, tout en écoutant sa mère m’expliquer combien cet enfant l’épuisait, et combien il était urgent que je me marie et que j’aie des enfants, afin que nous puissions être épuisées toutes les deux ensembl
e.

  Le type à la hache pouvait se rhabiller. Baby Jack était vainqueur par K.O.

  8

  Comme si ses propres névroses ne lui compliquaient pas assez la vie, il fallait désormais qu’elle supporte aussi celles des autres.

  Sex, Drugs & Murder

  Leah me raccompagna enfin à la maison. Je bondis hors de sa décapotable et la regardai s’éloigner, perplexe. Possédions-nous réellement le même patrimoine génétique ? L’une de nous deux avait dû être adoptée.

  En arrivant devant la porte de mon appartement, je me figeai, la main sur la poignée de la porte, l’oreille aux aguets… avant de me redresser, honteuse de ma couardise. Un crétin était venu chez moi ranger ma bibliothèque à son goût et j’avais peur de rentrer ? C’était grotesque. Qu’était devenue la Sophie qui autrefois se promenait la nuit, le nez au vent, dans les quartiers mal famés de la ville pour ses recherches documentaires ? Et la fille qui avait roué de coups le punk mal inspiré qui avait tenté, un jour, de lui arracher son sac à main ?

  Je pris une profonde inspiration et poussai la porte, tout en entremêlant mon trousseau de clés entre mes doigts comme Dena me l’avait montré. Si je devais jouer des poings, mon agresseur serait marqué au visage pour longtemps. Puis j’entrai, pour être accueillie par un M. Katz calme et détendu.

  — Pas de visites d’admirateurs cinglés, aujourd’hui ?

  M. Katz ronronna de plaisir.

  — Super. Je m’occupe de toi. Donne-moi juste le temps de jeter un coup d’œil pour voir si tout va bien.

  Mes clés toujours au poing, je visitai chaque pièce, ouvrant les placards d’un coup brusque, observant les étagères et plans de travail pour voir si rien n’avait été déplacé. Rassurée par mon inspection, je m’installai sur le canapé et laissai M. Katz monter sur mes genoux pour faire ses griffes sur mon pantalon. Tout en le caressant entre les oreilles, j’envisageai plusieurs stratégies pour les jours à venir. Mais aucune ne me parut convaincante.

  Il me fallait de l’aide. Je tendis la main vers le téléphone… et m’immobilisai, le bras en l’air. Qui pouvais-je appeler, au fait ?

  Le problème se résolut de lui-même quelques secondes plus tard, lorsque la sonnerie de l’appareil retentit. Je pris le combiné d’une poigne résolue. Je n’avais plus peur des coups de fil anonymes. Ma seule crainte était que celui ou celle qui venait de composer mon numéro ne soit pas plus inspiré que moi.

  — Soyez gentil, dis-je en décrochant. Dites-moi que vous êtes mon ange gardien.

  — Il faudra d’abord résoudre une fois pour toutes la question du sexe des anges.

  J’appuyai ma tête sur le dossier du canapé, soulagée de reconnaître cette voix.

  — Anatoly Darinsky. Quel bon vent vous amène ?

  — Bravo, dit mon correspondant d’une voix flattée. Vous m’avez reconnu du premier coup. Alors comme ça, vous avez besoin d’un ange gardien ?

  — Non, et si c’était le cas, je ne m’adresserais pas à vous. Vous me faites plus penser à un démon qu’à un ange.

  — Dans votre bouche, je suppose que c’est un compliment.

  — Supposez ce que vous voulez. Qu’est-ce qui me vaut l’honneur… ?

  — Je voulais savoir si vous êtes libre ce soir.

  — Uniquement si vous avez quelque chose d’amusant à me proposer.

  En matière de distraction, Darinsky me semblait une meilleure idée que Leah et son affreux jojo.

  — Bonne réponse. Que diriez-vous d’un bon vieux classique suivi de quelques drinks ?

  — C’est drôle, je ne pensais pas que vous aimiez le cinéma.

  Je calai le combiné entre mon épaule et mon oreille pour détacher M. Katz de mes cuisses et poursuivis en réprimant un gémissement de douleur :

  - Vous pensiez à un film en particulier ?

  - Ils donnent Soupçons au Roxie.

  - Ça alors ! Vous aimez Hitchcock ?

  - Oui, ça vous pose un problème ?

  - Au contraire. Je vous épouse tout de suite !

  Il y eut un silence au bout de la ligne.

  — Oui, bon... C’était une plaisanterie, Darinsky. Ne vous emballez pas.

  — Dommage. En tout cas, c’est la première fois que je déclenche une telle réaction en choisissant le bon film.

  — Oh, il paraît que je suis une fille facile.

  — Vraiment ?

  — Demandez à mon neveu.

  — Pardon ?

  — En fait, il se trouve que ma sœur a un fils qui… non, laissez tomber. Je vous expliquerai une autre fois. A quelle heure passez-vous me prendre ?

  — Le film commence à 21 h 40 ; je serai chez vous à 21 h 15.

  — Je vous attendrai de pied ferme.

  — Elle est facile et elle m’attend ! Que peut demander de plus un homme à une femme ?

  — A ce soir, dis-je en raccrochant.

  Je caressai pensivement M. Katz.

  — Dis-moi, sur une échelle de un à dix, quel degré de nullité ai-je atteint dans cette conversation ?

  M. Katz détourna la tête en clignant des yeux.

  — Tu as raison. A ta place, moi non plus je ne répondrais pas.

  Je passai le reste de la journée à tenter de réparer la fenêtre de ma cuisine. Finalement, je renonçai et laissai un message chez mon propriétaire pour lui demander de m’envoyer au plus vite un réparateur. J’étais sans illusions. En langage de propriétaire, « au plus vite » peut se traduire par « environ trois mois ».

  Darinsky sonna à 21 h 15 exactement. J’arrachai un de mes cheveux et le coinçai dans la fermeture de la porte. Si quelqu’un tentait de passer par là, il ne manquerait pas de le faire tomber. Bien sûr, mon mystérieux visiteur pouvait aussi tenter de s’introduire chez moi par la fenêtre mal fermée, laquelle donnait sur la sortie de secours, mais je préférais m’imaginer qu’il aimait les défis.

  Je retrouvai Darinsky et le saluai d’un baiser.

  — Je vois que vos années de service militaire vous ont donné le sens de la ponctualité.

  — Ou alors, c’était l’impatience de vous retrouver, rétorqua-t-il en me tendant un casque.

  Je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel.

  — Ou alors, vous êtes un baratineur de première classe.

  Darinsky éclata de rire.

  — Entre nous, c’est un talent indispensable dans ma branche professionnelle.

  — Me voilà prévenue. J’essaierai de me souvenir de ne jamais vous faire confiance.

  — Et vous me pardonnerez si je ne vous le rappelle pas, dit-il en allumant le moteur.

  Notre échange en resta là, et il mit le cap sur le Roxie. Là, nos billets achetés, il tenta de m’entraîner vers des places situées dans un coin discret de la salle. Je tins bon et poursuivis ma progression vers le milieu de la rangée centrale. Sans un commentaire, il s’assit à côté de moi et déposa sur une tablette devant nous la canette de soda qu’il avait achetée.

  — Vous avez déjà vu Soupçons ? demanda-t-il en enlevant sa veste.

  — Je crois que j’ai vu l’intégrale de Hitchcock. C’est celui où Joan Fontaine épouse Cary Grant et s’aperçoit qu’il n’est pas digne de confiance. Je connais la question. J’ai vécu ça, moi aussi. Encore un cas où la réalité rejoint la fiction.

  Darinsky demeura songeur quelques instants.

  — Si je me souviens bien, Cary Grant prouve qu’il est quelqu’un de bien, à la fin. Leur fiction semble préférable à votre réalité. Sauf, bien entendu, si vous vous placez de mon point de vue. Je préfère sortir avec une femme divorcée plutôt qu’avec une femme mariée.

  — Eh bien, si ce n’est pas du sens moral !

  — C’est plutôt du sens pratique. Vous vous fichez du statut conjugal des hommes que vous fréquentez ?

  — Pas du tout, et j’évite comme la peste les hommes bagués. Notez que j’éprouve la plus grande compassion envers celles qui ont eu la mauvaise idée de convoler avec des don Juan lubriques…

  Je cro
quai un pop-corn noyé sous le caramel.

  — Vous saviez qu’ils avaient modifié la fin du film parce que les producteurs n’admettaient pas que Cary Grant campe un tueur ? Dans la version d’origine, il assassinait sa femme. A mon avis, c’était une meilleure conclusion. J’aime bien quand le héros s’avère être un méchant. On ne s’y attend pas.

  Darinsky m’adressa un de ces petits sourires qui me faisaient chavirer.

  — Vous n’auriez pas un côté un peu sombre ?

  Je n’eus pas le temps de lui répondre, le film commençait. A l’instar de Leah, j’avais quelques principes auxquels je ne dérogeais jamais. Entre autres, ne jamais parler pendant un Hitchcock.

  Après la séance, nous marchâmes jusqu’au Club 500, un bar situé à quelques pas du Roxie. Enfin, Darinsky marcha. Moi, je flottai. Tout était parfait, ce soir-là. J’avais un bel homme à mon bras, une boîte de pop-corn à la main et j’allais bientôt siroter un cocktail bien tassé. Que demander de plus à la vie ?

  Nous choisîmes une petite table à l’écart et je commandai un Martini. Tout en le goûtant, j’observai nos voisins, qui pouvaient se classer en deux catégories : ceux qui en faisaient des tonnes, et ceux qui ne s’en faisaient pas. Cela composait une atmosphère légère et agréable, idéale pour apaiser ma tension de la journée. Je me fis la réflexion que je n’avais pas pensé à Sex, Drugs & Murder depuis plusieurs heures, pas plus qu’au psychopathe qui me harcelait.

  J’étais tout à fait sereine… Sauf lorsque, toutes les dix minutes environ, Darinsky me lançait un regard qui faisait battre mon cœur à une vitesse supersonique. Cet homme semblait parfait. Et que dire de ses goûts cinématographiques ! Après tout, il avait peut-être l’étoffe d’un type fréquentable. En tout cas, il était diablement appétissant.

  Je m’efforçai de garder à l’esprit la règle édictée par Leah. Attendre le troisième rendez-vous pour coucher. Est-ce qu’on pouvait enchaîner deux rendez-vous dans la même soirée ? Je n’avais pas pensé à poser la question à ma sœur.

  Je sentis se poser sur moi le regard brûlant de Darinsky. D’un geste nerveux, je tirai sur mon T-shirt dans l’espoir de dissimuler les pointes de mes seins qui se durcissaient. Dire qu’il ne m’avait pas encore touchée ! Par mesure de sécurité, je maintins la conversation sur un mode superficiel.

 

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