Cinq Semaines En Ballon
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—Vous allez voir. "
Joe, retirant sa veste de toile, la disposa au bout de l'arme et la presenta comme appat au-dessus de l'ouverture. La bete furieuse se precipita dessus; Kennedy l'attendait au passage, et d'une balle il lui fracassa l'epaule. La lionne rugissante roula sur l'escalier, renversant Joe. Celui-ci croyait deja sentir les enormes pattes de l'animal s'abattre sur lui, quand une seconde detonation retentit, et le docteur Fergusson apparut a l'ouverture, son fusil a la main et fumant encore.
Joe se releva prestement, franchit le corps de la bete, et passa a son maetre la bouteille pleine d'eau.
La porter a ses levres, la vider a demi fut pour Fergusson l'affaire d'un instant, et les trois voyageurs remercierent du fond du ceur la Providence qui les avait si miraculeusement sauves.
CHAPITRE XXVIII
Soiree delicieuse.—La cuisine de Joe.—Dissertation sur la viande crue.—Histoire de James Bruce.—Le bivouac.—Les reves de Joe.—Le barometre baisse.—Le barometre remonte.—Preparatifs de depart.—L'ouragan.
La soiree fut charmante et se passa sous de frais ombrages de mimosas, apres un repas reconfortant; le the et le grog n'y furent pas menages.
Kennedy avait parcouru ce petit domaine dans tous les sens, il en avait fouille les buissons; les voyageurs etaient les seuls etres animes de ce paradis terrestre; ils s'etendirent sur leurs couvertures et passerent une nuit paisible, qui leur apporta l'oubli des douleurs passees.
Le lendemain, 7 mai, le soleil brillait de tout son eclat, mais ses rayons ne pouvaient traverser l'epais rideau d'ombrage. Comme il avait des vivres en suffisante quantite, le docteur resolut d'attendre en cet endroit un vent favorable.
Joe y avait transporte sa cuisine portative, et il se livrait a une foule de combinaisons culinaires, en depensant l'eau avec une insouciante prodigalite.
" Quelle etrange succession de chagrins et de plaisirs! s'ecria Kennedy; cette abondance apres cette privation! ce luxe succedant a cette misere! Ah! j'ai ete bien pres de devenir fou!
—Mon cher Dick, lui dit le docteur, sans Joe, tu ne serais pas la en train de discourir sur l'instabilite des choses humaines.
—Brave ami! fit Dick en tendant la main a Joe.
—Il n'y a pas de quoi, repondit celui-ci. A charge de revanche, Monsieur Dick, en preferant toutefois que l'occasion ne se presente pas de me rendre la pareille!
—C'est une pauvre nature que la notre! reprit Fergusson. Se laisser abattre pour si peu!
—Pour si peu d'eau, voulez-vous dire, mon maetre! Il faut que cet element soit bien necessaire a la vie!
—Sans doute, Joe, et les gens prives de manger resistent plus longtemps que les gens prives de boire.
—Je le crois; d'ailleurs, au besoin, on mange ce qui se rencontre, meme son semblable, quoique cela doive faire un repas a vous rester longtemps sur le ceur!
—Les sauvages ne s'en font pas faute, cependant, dit Kennedy.
—Oui, mais ce sont des sauvages, et qui sont habitues a manger de la viande crue; voila une coutume qui me repugnerait!
—Cela est assez repugnant, en effet, reprit le docteur, pour que personne n'ait ajoute foi aux recits des premiers voyageurs en Afrique; ceux-ci rapporterent que plusieurs peuplades se nourrissaient de viande crue, et on refusa generalement d'admettre le fait. Ce fut dans ces circonstances qu'il arriva une singuliere aventure a James Bruce.
—Contez-nous cela, Monsieur; nous avons le temps de vous entendre, dit Joe en s'etalant voluptueusement sur l'herbe fraeche.
—Volontiers. James Bruce etait un Ecossais du comte de Stirling, qui, de 1768 a 1772, parcourut toute l'Abyssinie jusqu'au lac Tyana, a la recherche des sources du Nil; puis, il revint en Angleterre, ou il publia ses voyages en 1790 seulement. Ses recits furent accueillis avec une incredulite extreme, incredulite qui sans doute est reservee aux notres. Les habitudes des Abyssiniens semblaient si differentes des us et coutumes anglais, que personne ne voulait y croire. Entre autres details, James Bruce avait avance que les peuples de l'Afrique orientale mangeaient de la viande crue. Ce fait souleva tout le monde contre lui. Il pouvait en parler a son aise! on n'irait point voir! Bruce etait un homme tres courageux et tres rageur. Ces doutes l'irritaient au supreme degre. Un jour, dans un salon d'Edimbourg, un Ecossais reprit en sa presence le theme des plaisanteries quotidiennes, et a l'endroit de la viande crue, il declara nettement que la chose n'etait ni possible ni vraie. Bruce ne dit rien; il sortit, et rentra quelques instants apres avec un beefsteack cru, saupoudre de sel et de poivre a la mode africaine. " Monsieur, dit-il a l'Ecossais, en doutant d'une chose que j'ai avancee, vous m'avez fait une injure grave; en la croyant impraticable, vous vous etes completement trompe. Et, pour le prouver a tous, vous allez manger tout de suite ce beefsteack cru, ou vous me rendrez raison de vos paroles. "
L'Ecossais eut peur, et il obeit non sans de fortes grimaces. Alors, avec le plus grand sang-froid, James Bruce ajouta: " En admettant meme que la chose ne soit pas vraie, Monsieur, vous ne soutiendrez plus, du moins, qu'elle est impossible. "
—Bien riposte, fit Joe Si l'Ecossais a pu attraper une indigestion, il n'a eu que ce qu'il meritait. Et si, a notre retour en Angleterre, on met notre voyage en doute...
—Eh bien! que feras-tu? Joe.
—Je ferai manger aux incredules les morceaux du Victoria, sans sel et sans poivre! "
Et chacun de rire des expedients de Joe. La journee se passa de la sorte, en agreables propos; avec la force revenait l'espoir; avec l'espoir, l'audace. Le passe s'effacait devant l'avenir avec une providentielle rapidite.
Joe n'aurait jamais voulu quitter cet asile enchanteur; c'etait le royaume de ses reves; il se sentait chez lui; il fallut que son maetre lui en donnat le relevement exact, et ce fut avec un grand serieux qu'il inscrivit sur ses tablettes de voyage: 15 degrees 43' de longitude et 8 degrees 32' de latitude.
Kennedy ne regrettait qu'une seule chose, de ne pouvoir chasser dans cette foret en miniature; selon lui, la situation manquait un peu de betes feroces.
" Cependant, mon cher Dick, reprit le docteur, tu oublies promptement. Et ce lion, et cette lionne?
—Ca! fit-il avec le dedain du vrai chasseur pour l'animal abattu! Mais, au fait leur presence dans cette oasis peut faire supposer que nous ne sommes pas tres eloignes de contrees plus fertiles.
—Preuve mediocre, Dick; ces animaux-la, presses par la faim ou la soif, franchissent souvent des distances considerables pendant la nuit prochaine, nous ferons meme bien de veiller avec plus de vigilance et d'allumer des feux.
—Par cette temperature, fit Joe! Enfin, si cela est necessaire, on le fera. Mais j'eprouverai une veritable peine a bruler ce joli bois, qui nous a ete si utile.
—Nous ferons surtout attention a ne pas l'incendier, repondit le docteur, afin que d'autres puissent y trouver quelque jour un refuge au milieu du desert!
—On y veillera, Monsieur; mais pensez-vous que cette oasis soit connue?
—Certainement. C'est un lieu de halte pour les caravanes qui frequentent le centre de l'Afrique, et leur visite pourrait bien ne pas te plaire, Joe.
—Est-ce qu'il y a encore par ici de ces affreux Nyam-Nyam?
—Sans doute, c'est le nom general de toutes ces populations, et, sous le meme climat, les memes races doivent avoir des habitudes pareilles.
—Pouah! fit Joe! Apres tout, cela est bien naturel! Si des sauvages avaient les gouts des gentlemen, ou serait la difference? Par exemple, voila des braves gens qui ne se seraient pas fait prier pour avaler le beefsteak de l'Ecossais, et meme l'Ecossais par-dessus le marche. "
Sur cette reflexion tres sensee, Joe alla dresser ses buchers pour la nuit, les faisant aussi minces que possible. Ces precautions furent heureusement inutiles, et chacun s'endormit tour a tour dans un profond sommeil.
Le lendemain, le temps ne changea pas encore; il se maintenait au beau avec obstination. Le ballon demeurait immobile, sans qu'aucune oscillation ne vent trahir un souffle de vent.
Le docteur recommencait a s'inquieter: si le voyage devait ainsi se prolong
er, les vivres seraient insuffisants. Apres avoir failli succomber faute d'eau, en serait-on reduit a mourir de faim?
Mais il reprit assurance en voyant le mercure baisser tres sensiblement dans le barometre; il y avait des signes evidents d'un changement prochain dans l'atmosphere; il resolut donc de faire ses preparatifs de depart pour profiter de la premiere occasion; la caisse d'alimentation et la caisse a eau furent entierement remplies toutes les deux.
Fergusson dut retablir ensuite l'equilibre de l'aerostat, et Joe fut oblige de sacrifier une notable partie de son precieux minerai. Avec la sante, les idees d'ambition lui etaient revenues; il fit plus d'une grimace avant d'obeir a son maetre; mais celui-ci lui demontra qu'il ne pouvait enlever un poids aussi considerable; il lui donna a choisir entre l'eau ou l'or; Joe n'hesita plus, et il jeta sur le sable une forte quantite de ses precieux cailloux
" Voila pour ceux qui viendront apres nous, dit-il; ils seront bien etonnes de trouver la fortune en pareil lieu.
—Eh! fit Kennedy, si quelque savant voyageur vient a rencontrer ces echantillons?...
—Ne doute pas, mon cher Dick, qu'il n'en soit fort surpris et qu'il ne publie sa surprise en nombreux in-folios! Nous entendrons parler quelque jour d'un merveilleux gisement de quartz aurifere au milieu des sables de l'Afrique.
—Et c'est Joe qui en sera la cause. "
L'idee de mystifier peut-etre quelque savant consola le brave garcon et le fit sourire.
Pendant le reste de la journee, le docteur attendit vainement un changement dans l'atmosphere. La temperature s'eleva et, sans les ombrages de l'oasis, elle eut ete insoutenable. Le thermometre marqua au soleil cent quarante-neuf degres [50]. Une veritable pluie de feu traversait l'air. Ce fut la plus haute chaleur qui eut encore ete observee.
Joe disposa comme la veille le bivouac du soir, et, pendant les quarts du docteur et de Kennedy, il ne se produisit aucun incident nouveau.
Mais, vers trois heures du matin, Joe veillant, la temperature s'abaissa subitement, le ciel se couvrit de nuages, et l'obscurite augmenta.
" Alerte! s'ecria Joe en reveillant ses deux compagnons! alerte! voici le vent.
—Enfin! dit le docteur en considerant le ciel, c'est une tempete! Au Victoria! au Victoria! "
Il etait temps d'y arriver. Le Victoria se courbait sous l'effort de l'ouragan et entraenait la nacelle qui rayait le sable. Si, par hasard, une partie du lest eut ete precipitee a terre, le ballon serait parti, et tout espoir de le retrouver eut ete a jamais perdu.
Mais le rapide Joe courut a toutes jambes et arreta la nacelle, tandis que l'aerostat se couchait sur le sable au risque de se dechirer. Le docteur prit sa place habituelle, alluma son chalumeau, et jeta l'exces de poids.
Les voyageurs regarderent une derniere fois les arbres de l'oasis qui pliaient sous la tempete, et bientot, ramassant le vent d'est a deux cents pieds du sol, ils disparurent dans la nuit.
CHAPITRE XXIX
Symptomes de vegetation.—Idee fantaisiste d'un auteur francais.—Pays magnifique.—Royaume d'Adamova.—Les explorations de Speke et Burton reliees a celles de Barth.—Les monts Atlantika.—Le fleuve Benoue.—La ville d'Yola.—Le Bagele.—Le mont Mendif.
Depuis le moment de leur depart, les voyageurs marcherent avec une grande rapidite; il leur tardait de quitter ce desert qui avait failli leur etre si funeste.
Vers neuf heures un quart du matin, quelques symptomes de vegetation furent entrevus, herbes flottant sur cette mer de sable, et leur annoncant, comme a Christophe Colomb, la proximite de la terre; des pousses vertes pointaient timidement entre des cailloux qui allaient eux-memes redevenir les rochers de cet Ocean.
Des collines encore peu elevees ondulaient a l'horizon; leur profil, estompe par la brume, se dessinait vaguement; la monotonie disparaissait. Le docteur saluait avec joie cette contree nouvelle, et, comme un marin en vigie, il etait sur le point de s'ecrier:
" Terre! terre! "
Une heure plus tard, le continent s'etalait sous ses yeux, d'un aspect encore sauvage, mais moins plat, moins nu, quelques arbres se profilaient sur le ciel gris.
Nous sommes donc en pays civilise? dit le chasseur.
—Civilise? Monsieur Dick; c'est une maniere de parler; on ne voit pas encore d'habitants.
—Ce ne sera pas long, repondit Fergusson, au train dont nous marchons.
—Est-ce que nous sommes toujours dans le pays des negres, Monsieur Samuel?
—Toujours, Joe, en attendant le pays des Arabes.
—Des Arabes, Monsieur, de vrais Arabes, avec leurs chameaux?
—Non, sans chameaux; ces animaux sont rares, pour ne pas dire inconnus dans ces contrees; il faut remonter quelques degres au nord pour les rencontrer.
—C'est facheux.
—Et pourquoi, Joe
—Parce que, si le vent devenait contraire, ils pourraient nous servir.
—Comment?
—Monsieur, c'est une idee qui me vient: on pourrait les atteler a la nacelle et se faire remorquer par eux. Qu'en dites-vous?
—Mon pauvre Joe, cette idee, un autre l'a eue avant toi; elle a ete exploitee par un tres spirituel auteur francais [M. Mery] ... dans un roman, il est vrai. Des voyageurs se font traener en ballon par des chameaux; arrive un lion qui devore les chameaux, avale la remorque, et traene a leur place; ainsi de suite. Tu vois que tout ceci est de la haute fantaisie, et n'a rien de commun avec notre genre de locomotion.
Joe, un peu humilie a la pensee que son idee avait deja servi, chercha quel animal aurait pu devorer le lion; mais il ne trouva pas et se remit a examiner le pays.
Un lac d'une moyenne etendue s'etendait sous ses regards, avec un amphitheatre de collines qui n'avaient pas encore le droit de s'appeler des montagnes; la, serpentaient des vallees nombreuses et fecondes, et leurs inextricables fouillis d'arbres les plus varies; l'elais dominait cette masse, portant des feuilles de quinze pieds de longueur sur sa tige herissee d'epines aigues; le bombax chargeait le vent a son passage du fin duvet de ses semences; les parfums actifs du pendanus, ce " kenda " des Arabes, embaumaient les airs jusqu'a la zone que traversait le Victoria; le papayer aux feuilles palmees, le sterculier qui produit la noix du Soudan, le baobab et les bananiers completaient cette flore luxuriante des regions intertropicales.
" Le pays est superbe, dit le docteur.
—Voici les animaux, fit Joe; les hommes ne sont pas loin.
—Ah! les magnifiques elephants! s'ecria Kennedy. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de chasser un peu?
—Et comment nous arreter, mon cher Dick, avec un courant de cette violence? Non, goute un peu le supplice de Tantale! Tu te dedommageras plus tard. "
Il y avait de quoi, en effet, exciter l'imagination d'un chasseur; le ceur de Dick bondissait dans sa poitrine, et ses doigts se crispaient sur la crosse de son Purdey.
La faune de ce pays en valait la flore. Le beuf sauvage se vautrait dans une herbe epaisse sous laquelle il disparaissait tout entier; des elephants gris, noirs ou jaunes, de la plus grande taille, passaient comme une trombe au milieu des forets, brisant, rongeant, saccageant, marquant leur passage par une devastation; sur le versant boise des collines suintaient des cascades et des cours d'eau entraenes vers le nord; la, les hippopotames se baignaient a grand bruit, et des lamentins de douze pieds de long, au corps pisciforme, s'etalaient sur les rives, en dressant vers le ciel leurs rondes mamelles gonflees de lait.
C'etait toute une menagerie rare dans une serre merveilleuse, ou des oiseaux sans nombre et de mille couleurs chatoyaient a travers les plantes arborescentes.
A cette prodigalite de la nature, le docteur reconnut le superbe royaume d'Adamova.
" Nous empietons, dit-il, sur les decouvertes modernes; j'ai repris la piste interrompue des voyageurs; c'est une heureuse fatalite, mes amis; nous allons pouvoir rattacher les travaux des capitaines Burton et Speke aux explorations du docteur Barth; nous avons quitte des Anglais pour retrouver un Hambourgeois, et bientot nous arriverons au point extreme atteint par ce savant audacieux.
—Il me semble, dit Kenne
dy, qu'entre ces deux explorations, il y a une vaste etendue de pays, si j'en juge par le chemin que nous avons fait.
—C'est facile a calculer; prends la carte et vois quelle est la longitude de la pointe meridionale du lac Ukereoue atteinte par Speke.
—Elle se trouve a peu pres sur le trente-septieme degre.
—Et la ville d'Yola, que nous releverons ce soir, et a laquelle Barth parvint, comment est-elle situee?
—Sur le douzieme degre de longitude environ.
—Cela fait donc vingt-cinq degres; a soixante milles chaque, soit quinze cents milles [Six cent vingt-cinq lieues].
—Un joli bout de promenade, fit Joe, pour les gens qui iraient a pied.
—Cela se fera cependant. Livingstone et Moffat montent toujours vers l'interieur; le Nyassa, qu'ils ont decouvert, n'est pas tres eloigne du lac Tanganayka, reconnu par Burton; avant la fin du siecle, ces contrees immenses seront certainement explorees Mais, ajouta le docteur en consultant sa boussole, je regrette que le vent nous porte tant a l'ouest; j'aurais voulu remonter au nord. "
Apres douze heures de marche, le Victoria se trouva sur les confins de la Nigritie. Les premiers habitants de cette terre, des Arabes Chouas, paissaient leurs troupeaux nomades. Les vastes sommets des monts Atlantika passaient par-dessus l'horizon, montagnes que nul pied europeen n'a encore foulees, et dont l'altitude est estimee a treize cents toises environ. Leur pente occidentale determine l'ecoulement de toutes les eaux de cette partie de l'Afrique vers l'Ocean; ce sont les montagnes de la Lune de cette region.
Enfin, un vrai fleuve apparut aux yeux des voyageurs, et, aux immenses fourmilieres qui l'avoisinaient, le docteur reconnut le Benoue, l'un des grands affluents du Niger, celui que les Indigenes ont nomme la " Source des eaux. "
Ce fleuve, dit le docteur a ses compagnons, deviendra un jour la voie naturelle de communication avec l'interieur de la Nigritie; sous le commandement de l'un de nos braves capitaines, le steamboat la Pleiade l'a deja remonte jusqu'a la ville d'Yola; vous voyez que nous sommes en pays de connaissance. "