Cinq Semaines En Ballon
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De nombreux esclaves s'occupaient des champs, cultivant le sorgho, sorte de millet qui forme la base de leur alimentation; les plus stupides etonnements se succedaient au passage du Victoria, qui filait comme un meteore. Le soir, il s'arretait a quarante milles d'Yola, et devant lui, mais au loin, se dressaient les deux cones aigus du mont Mendif.
Le docteur fit jeter les ancres, et s'accrocha au sommet d'un arbre eleve; mais un vent tres dur ballottait le Victoria jusqu'a le coucher horizontalement, et rendait parfois la position de la nacelle extremement dangereuse. Fergusson ne ferma pas l'eil de la nuit, souvent il fut sur le point de couper le cable d'attache et de fuir devant la tourmente. Enfin la tempete se calma, et les oscillations de l'aerostat n'eurent plus rien d'inquietant.
Le lendemain, le vent se montra plus modere, mais il eloignait les voyageurs de la ville d'Yola, qui, nouvellement reconstruite par les Foullannes, excitait la cutiosite de Fergusson; neanmoins il fallut se resigner a s'elever dans le nord, et meme un peu dans l'est.
Kennedy proposa de faire une halte dans ce pays de chasse; Joe pretendait que le besoin de viande fraeche se faisait sentir; mais les meurs sauvages de ce pays, l'attitude de la population, quelques coups de fusil tires dans la direction du Victoria, engagerent le docteur a continuer son voyage. On traversait alors une contree, theatre de massacres et d'incendies, ou les luttes guerrieres sont incessantes, et dans lesquelles les sultans jouent leur royaume au milieu des plus atroces carnages.
Des villages nombreux, populeux, a longues cases, s'etendaient entre les grands paturages, dont l'herbe epaisse etait semee de fleurs violettes; les huttes, semblables a de vastes ruches, s'abritaient derriere des palissades herissees. Les versants sauvages des collines rappelaient les " glen " des hautes terres d'Ecosse, et Kennedy en fit plusieurs fois la remarque.
En depit de ses efforts, le docteur portait en plein dans le nord-est, vers le mont Mendif, qui disparaissait au milieu des nuages; les hauts sommets de ces montagnes separent le bassin du Niger du bassin du lac Tchad.
Bientot apparut le Bagele, avec ses dix-huit villages accroches a ses flancs, comme toute une nichee d'enfants au sein de leur mere, magnifique spectacle pour des regards qui dominaient et saisissaient cet ensemble; les ravins, se montraient couverts de champs de riz et d'arachides.
A trois heures, le Victoria se trouvait en face du mont Mendif. On n'avait pu l'eviter, il fallut le franchir. Le docteur, au moyen d'une temperature qu'il accrut de cent quatre-vingts degres [100 degrees centigrades], donna au ballon une nouvelle force ascensionnelle de pres de seize cents livres; il s'eleva a plus de huit mille pieds. Ce fut la plus grande elevation obtenue pendant le voyage, et la temperature s'abaissa tellement que le docteur et ses compagnons durent recourir a leurs couvertures.
Fergusson eut hate de descendre, car l'enveloppe de l'aerostat se tendait a rompre; il eut le temps de constater cependant l'origine volcanique de la montagne, dont les crateres eteints ne sont plus que de profonds abemes. De grandes agglomerations de fientes d'oiseaux donnaient aux flancs du Mendif l'apparence de roches calcaires, et il y avait la de quoi fumer les terres de tout le Royaume-Uni.
A cinq heures, le Victoria, abrite des vents du sud, longeait doucement les pentes de la montagne, et s'arretait dans une vaste clairiere eloignee de toute habitation; des qu'il eut touche le sol, les precautions furent prises pour l'y retenir fortement, et Kennedy, son fusil a la main, s'elanca dans la plaine inclinee; il ne tarda pas a revenir avec une demi-douzaine de canards sauvages et une sorte de becassine, que Joe accom-moda de son mieux. Le repas fut agreable, et la nuit se; passa dans un repos profond
CHAPITRE XXX
Mosfeia.—Le cheik.—Denham, Clapperton, Oudney.—Vogel.—La capitale du Loggoum.—Toole.—Calme au-dessus du Kernak.—Le gouverneur et sa cour.—L'attaque.—Les pigeons incendiaires.
Le lendemain, ler mai, le Victoria reprit sa course aventureuse; les voyageurs avaient en lui la confiance d'un marin pour son navire.
D'ouragans terribles, de chaleurs tropicales, de departs dangereux, de descentes plus dangereuses encore, il s'etait partout et toujours tire avec bonheur. On peut dire que Fergusson le guidait d'un geste; aussi, sans connaetre le point d'arrivee, le docteur n'avait plus de craintes sur l'issue du voyage. Seulement, dans ce pays de barbares et de fanatiques, la prudence l'obligeait a prendre les plus severes precautions; il recommanda donc a ses compagnons d'avoir l'eil ouvert a tout venant et a toute heure.
Le vent les ramenait un peu plus au nord, et vers neuf heures, ils entrevirent la grande ville de Mosfeia, batie sur une eminence encaissee elle-meme entre deux hautes montagnes; elle etait situee dans une position inexpugnable; une route etroite entre un marais et un bois y donnait seule acces.
En ce moment, un cheik, accompagne d'une escorte a cheval, revetu de vetements aux couleurs vives, precede de joueurs de trompette et de coureurs qui ecartaient les branches sur son passage, faisait son entree dans la ville.
Le docteur descendit, afin de contempler ces indigenes de plus pres; mais, a mesure que le ballon grossissait a leurs yeux, les signes d'une profonde terreur se manifesterent, et ils ne tarderent pas a detaler de toute la vitesse de leurs jambes ou de celles de leurs chevaux.
Seul, le cheik ne bougea pas; il prit son long mousquet, l'arma et attendit fierement. Le docteur s'approcha a cent cinquante pieds a peine, et, de sa plus belle voix, il lui adressa le salut en arabe.
Mais, a ces paroles descendues du ciel, le cheik mit pied a terre, se prosterna sur la poussiere du chemin, et le docteur ne put le distraire de son adoration.
" Il est impossible, dit-il, que ces gens-la ne nous prennent pas pour des etres surnaturels, puisque, a l'arrivee des premiers Europeens parmi eux, ils les crurent d'une race surhumaine. Et quand ce cheik parlera de cette rencontre, il ne manquera pas d'amplifier le fait avec toutes les ressources d'une imagination arabe. Jugez donc un peu de ce que les legendes feront de nous quelque jour.
—Ce sera peut-etre facheux, repondit le chasseur; au point de vue de la civilisation, il vaudrait mieux passer pour de simples hommes; cela donnerait a ces negres une bien autre idee de la puissance europeenne.
—D'accord, mon cher Dick; mais que pouvons-nous y faire? Tu expliquerais longuement aux savants du pays le mecanisme d'un aerostat, qu'ils ne sauraient te comprendre, et admettraient toujours la une intervention surnaturelle.
—Monsieur, demanda Joe, vous avez parle des premiers Europeens qui ont explore ce pays; quels sont-ils donc, s'il vous plaet?
—Mon cher garcon, nous sommes precisement sur la route du major Denham; c'est a Mosfeia meme qu'il fut recu par le sultan du Mandara; il avait quitte le Bornou, il accompagnait le cheik dans une expedition contre les Fellatahs, il assista a l'attaque de la ville, qui resista bravement avec ses fleches aux balles arabes et mit en fuite les troupes du cheik; tout cela n'etait que pretexte a meurtres, a pillages, a razzias; le major fut completement depouille, mis a nu, et sans un cheval sous le ventre duquel il se glissa et qui lui permit de fuir les vainqueurs par son galop effrene, il ne fut jamais rentre dans Kouka, la capitale du Bornou.
—Mais quel etait ce major Denham?
—Un intrepide Anglais, qui de 1822 a 1821 commanda une expedition dans le Bornou en compagnie du capitaine Clapperton et du docteur Oudney. Ils partirent de Tripoli au mois de mars, parvinrent a Mourzouk, la capitale du Fezzan, et, suivant le chemin que plus tard devait prendre le docteur Barth pour revenir en Europe, ils arriverent le 16 fevrier 1823 a Kouka, pres du lac Tchad. Denham fit diverses explorations dans le Bornou, dans le Mandara, et aux rives orientales du lac; pendant ce temps, le 15 decembre 1823, le capitaine Clapperton et le docteur Oudney s'enfoncaient dans le Soudan jusqu'a Sackatou, et Oudney mourait de fatigue et d'epuisement dans la ville de Murmur.
—Cette partie de l'Afrique, demanda Kennedy, a donc paye un large tribut de victimes a la science!
—Oui, cette contree est fatale! Nous marchons directement vers le royaume de Barghimi, que Vogel traversa en 1856 pour penetrer dans le Wadai, ou il a dis
paru. Ce jeune homme, a vingt-trois ans, etait envoye pour cooperer aux travaux du docteur Barth; ils se rencontrerent tous deux le ler decembre 1854; puis Vogel commenca les explorations du pays; vers 1856, il annonca dans ses dernieres lettres son intention de reconnaetre le royaume du Wadai, dans lequel aucun Europeen n'avait encore penetre; il parait qu'il parvint jusqu'a Wara, la capitale, ou il fut fait prisonnier suivant les uns, mis a mort suivant les autres, pour avoir tente l'ascension d'une montagne sacree des environs; mais il ne faut pas admettre legerement la mort des voyageurs, car cela dispense d'aller a leur recherche; ainsi, que de fois la mort du docteur Barth n'a-t-elle pas ete officiellement repandue, ce qui lui a cause souvent une legitime irritation! Il est donc fort possible que Vogel soit retenu prisonnier par le sultan du Wadai, qui espere le ranconner. Le baron de Neimans se mettait en route pour le Wadai, quand il mourut au Caire en 1855. Nous savons maintenant que M. de Heuglin, avec l'expedition envoyee de Leipzig, s'est lance sur les traces de Vogel. Ainsi nous devrons etre prochainement fixes sur le sort de ce jeune et interessant voyageur [ Depuis le depart du docteur, des lettres adressees d'El'Obeid par M. Munzinger, le nouveau chef de l'expedition, ne, laissent malheureusement plus de doute sur la mort de Vogel]. "
Mosfeia avait depuis longtemps deja disparu a l'horizon. Le Mandara developpait sous les regards des voyageurs son etonnante fertilite avec les forets d'acacias, de locustes aux fleurs rouges, et les plantes herbacees des champs de cotonniers et d'indigotiers; le Shari, qui va se jeter quatre-vingts milles plus loin dans le Tchad, roulait son cours impetueux.
Le docteur le fit suivre a ses compagnons sur les cartes de Barth.
" Vous voyez, dit-il, que les travaux de ce savant sont d'une extreme precision; nous nous dirigeons droit sur le district au Loggoum, et peut-etre meme sur Kernak, sa capitale. C'est la que mourut le pauvre Toole, a peine Age de vingt-deux ans: c'etait un jeune Anglais, enseigne au 80e regiment, qui avait depuis quelques semaines rejoint le major Denham en Afrique, et il ne tarda pas a y rencontrer la mort. Ah! l'on peut appeler justement cette immense contree le cimetiere des Europeens! "
Quelques canots, longs de cinquante pieds, descendaient le cours du Shari; le Victoria, a l,000 pieds de terre, attirait peu l'attention des indigenes; mais le vent, qui jusque-la soufflait avec une certaine force, tendit a diminuer.
" Est-ce que nous allons encore etre pris par un calme plat? dit le docteur.
—Bon, mon maetre! nous n'aurons toujours ni le manque d'eau ni le desert a craindre.
—Non, mais des populations plus redoutables encore.
—Voici, dit Joe, quelque chose qui ressemble a une ville.
—C'est Kernak. Les derniers souffles du vent nous y portent, et, si cela nous convient, nous pourrons en lever le plan exact.
—Ne nous rapprocherons-nous pas? demanda Kennedy.
—Rien n'est plus facile, Dick; nous sommes droit au-dessus de la ville; permets-moi de tourner un peu le robinet du chalumeau, et nous ne tarderons pas a descendre. "
Le Victoria, une demi-heure apres, se maintenait immobile a deux cents pieds du sol.
" Nous voici plus pres de Kernak, dit le docteur, que ne le serait de Londres un homme juche dans la boule de Saint-Paul. Ainsi nous pouvons voir a notre aise.
—Quel est donc ce bruit de maillets que l'on entend de tous cotes? "
Joe regarda attentivement, et vit que ce bruit etait produit par les nombreux tisserands qui frappaient en plein air leurs toiles tendues sur de vastes troncs d'arbres.
La capitale du Loggoum se laissait saisir alors dans tout son ensemble, comme sur un plan deroule; c'etait une veritable ville, avec des maisons alignees et des rues assez larges; au milieu d'une vaste place se tenait un marche d'esclaves; il y avait grande affluence de chalands, car les mandaraines, aux pieds et aux mains d'une extreme petitesse, sont fort recherchees et se placent avantageusement.
A la vue du Victoria, l'effet si souvent produit se reproduisit encore: d'abord des cris, puis une stupefaction profonde; les affaires furent abandonnees, les travaux suspendus, le bruit cessa. Les voyageurs demeuraient dans une immobilite parfaite et ne perdaient pas un detail de cette populeuse cite; ils descendirent meme a soixante pieds du sol.
Alors le gouverneur de Loggoum sortit de sa demeure, deployant son etendard vert, et accompagne de ses musiciens qui soufflaient a tout rompre, excepte leurs poumons, dans de rauques cornes de buffle. La foule se rassembla autour de lui. Le docteur Fergusson voulut se faire entendre; il ne put y parvenir.
Cette population au front haut, aux cheveux boucles, au nez presque aquilin, paraissait fiere et intelligente; mais la presence du Victoria la troublait singulierement; on voyait des cavaliers courir dans toutes les directions; bientot il devint evident que les troupes du gouverneur se rassemblaient pour combattre un ennemi si extraordinaire Joe eut beau deployer des mouchoirs de toutes les couleurs, il n'obtint aucun resultat.
Cependant le cheik, entoure de sa cour, reclama le silence et prononca un discours auquel le docteur ne put rien comprendre; de l'arabe mele de baghirmi; seulement il reconnut, a la langue universelle des gestes, une invitation expresse de s'en aller; il n'eut pas mieux demande, mais, faute de vent, cela devenait impossible Son immobilite exaspera le gouverneur, et ses courtisans se prirent a hurler pour obliger le monstre a s'enfuir.
C'etaient de singuliers personnages que ces courtisans, avec leurs cinq ou six chemises bariolees sur le corps; ils avaient des ventres enormes, dont quelques-uns semblaient postiches. Le docteur etonna ses compagnons en leur apprenant que c'etait la maniere de faire sa cour au sultan. La rotondite de l'abdomen indiquait l'ambition des gens. Ces gros hommes gesticulaient et criaient, un d'entre eux surtout, qui devait etre premier ministre, si son ampleur trouvait ici-bas sa recompense. La foule des negres unissait ses hurlements aux cris de la cour, repetant ses gesticulations a la maniere des singes, ce qui produisait un mouvement unique et instantane de dix mille bras
A ces moyens d'intimidation qui furent juges insuffisants, s'en joignirent d'autres plus redoutables. Des soldats armes d'arcs et de fleches se rangerent en ordre de bataille; mais deja le Victoria se gonflait et s'elevait tranquillement hors de leur portee. Le gouverneur, saisissant alors un mousquet, le dirigea vers le ballon. Mais Kennedy le surveillait, et, d'une balle de sa carabine, il brisa l'arme dans la main du cheik.
A ce coup inattendu, ce fut une deroute generale; chacun rentra au plus vite dans sa case, et, pendant le reste du jour, la ville demeura absolument deserte.
La nuit vint. Le vent ne soufflait plus. Il fallut se resoudre a rester immobile a trois cents pieds du sol. Pas un feu ne brillait dans l'ombre; il regnait un silence de mort. Le docteur redoubla de prudence; ce calme pouvait cacher un piege.
Et Fergusson eut raison de veiller. Vers minuit, toute la ville parut comme embrasee; des centaines de raies de feu se croisaient comme des fusees, formant un enchevetrement de lignes de flamme.
" Voila qui est singulier! fit le docteur.
—Mais, Dieu me pardonne! repliqua Kennedy, on dirait que l'incendie monte et s'approche de nous. "
En effet, au bruit de cris effroyables et des detonations des mousquets, cette masse de feu s'elevait vers le Victoria. Joe se prepara a jeter du lest. Fergusson ne tarda pas a avoir l'explication de ce phenomene.
Des milliers de pigeons, la queue garnie de matieres combustibles, avaient ete lances contre le Victoria; effrayes, ils montaient en tracant dans l'atmosphere leurs zigzags de feu. Kennedy se mit a faire une decharge de toutes ses armes au milieu de cette masse; mais que pouvait-il contre une innombrable armee! Deja les pigeons environnaient la nacelle et le ballon dont les parois, reflechissant cette lumiere, semblaient enveloppees dans un reseau de feu.
Le docteur n'hesita pas, et precipitant un fragment de quartz, il se tint hors des atteintes de ces oiseaux dangereux. Pendant deux heures, on les apercut courant ca et la dans la nuit; puis peu a peu leur nombre diminua, et ils s'eteignirent
Maintenant nous pouvons dormir tranquilles, dit le docteur.
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br /> —Pas mal imagine pour des sauvages! fit Joe.
—Oui, ils emploient assez communement ces pigeons pour incendier les chaumes des villages; mais cette fois, le village volait encore plus haut que leurs volatiles incendiaires!
Decidement un ballon n'a pas d'ennemis a craindre, dit Kennedy.
—Si fait, repliqua le docteur.
—Lesquels, donc?
—Les imprudents qu'il porte dans sa nacelle; ainsi, mes amis, de la vigilance partout, de la vigilance toujours. "
CHAPITRE XXXI
Depart dans la nuit.—Tous les trois.—Les instincts de Kennedy.—Precautions.—Le cours du Shari.—Le lac Tchad.—L'eau du lac.—L'hippopotame.—Une balle perdue.
Vers trois heures du matin, Joe, etant de quart, vit enfin la ville se deplacer sous ses pieds. Le Victoria reprenait sa marche. Kennedy et le docteur se reveillerent.
Ce dernier consulta la boussole, et reconnut avec satisfaction que le vent les portait vers le nord-nord-est.
" Nous jouons de bonheur, dit-il; tout nous reussit; nous decouvrirons le lac Tchad aujourd'hui meme.
—Est-ce une grande etendue d'eau! demanda Kennedy.
—Considerable, mon cher Dick; dans sa plus grande longueur et sa plus grande largeur, ce lac peut mesurer cent vingt milles.
—Cela variera un peu notre voyage de nous promener sur une nappe liquide.
—Mais il me semble que nous n'avons pas a nous plaindre; il est tres varie, et surtout il se passe dans les meilleures conditions possibles.
—Sans doute, Samuel; sauf les privations du desert, nous n'auront couru aucun danger serieux.
—Il est certain que notre brave Victoria s'est toujours merveilleusement comporte. C'est aujourd'hui le 12 mai; nous sommes partis le 18 avril; c'est donc vingt-cinq jours de marche. Encore une dizaine de jours, et nous serons arrives.
—Ou!