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Surrealist, Lover, Resistant

Page 19

by Robert Desnos

Do you like the fresh air?

  Do you like the great wind?

  LE LOUP

  Le loup n’a plus les dents longues

  au temps des aubépines

  Les yeux lueurs de brasier

  Éclatantes étoiles

  Figures de lac et de torrent

  Neige forêt

  Et sur tout cela comme dans les images

  La zébrure d’un ruisseau de sang

  Un traîneau fuyant au loin vers les forêts

  La voix d’une petite fille

  Loup y es-tu n’y es-tu pas

  au temps des aubépines

  au temps des pommes de pin.

  THE WOLF

  The wolf no longer has long teeth

  In the time of hawthorns

  Brazier-glow eyes

  Flashing stars

  Forms of lake and torrent

  Snow forest

  And on all of that as in images

  The zebra-stripe of a stream of blood

  A sleigh fleeing far off to the forests

  The voice of a little girl

  Wolf are you there aren’t you there

  In the time of hawthorns

  In the time of pinecones.

  MOURIR

  Pour mourir sans regret il faut être si lasse

  Pour mourir sans regret des désirs oubliés

  Pour mourir sans chagrin pour mourir sans pitié

  Faut-il détruire aussi les mains les yeux les faces

  Celles-là qui sont nées choisies parmi les races

  avec un cœur violent par nul amour plié

  avec des membres durs que rien ne peut lier

  Savent chercher la mort parmi les tombes basses

  Mais celles qui aimaient celles qui dans leurs bras

  surent garder parfois dans la froideur des draps

  L’amant ou le mari jusqu’à défier les ombres

  Fermeront leurs deux yeux par une nuit sans feux

  Et jetant leur amour comme un dernier enjeu

  Connaîtront le repos creux comme les décombres.

  DYING

  To die without regret means being so soft

  Regretting no desires that slipped away

  To die with neither pity nor dismay

  Must hands eyes faces all be written off

  Those women born elect among the races

  With heart so violent no love can fold

  With limbs so hard no tying-down can hold

  Know to seek death in the low burial-places

  But those who loved who many times embraced

  Lover or husband often mounting guard

  In the cold bed-sheets to defy the shades

  In fireless night shall close their two eyes shut

  And throwing down their love like one last bet

  Shall know repose as deep as tips of waste.

  LE BEL APRÈS-MINUIT

  Plus blanche que la neige et les cristaux de sel

  La flore de la nuit épanouit ses pétales

  Et grandit remplissant les espaces du ciel

  Où tel cheval d’azur hennit rue et détale

  Vers des prairies semées de récentes étoiles

  à travers des moissons d’astres et de reflets

  Du feu de quatre fers éclaboussant les voiles

  Il plonge au plus profond des ténèbres de lait

  Déroulant le ruban des cycles abolis

  Les plus courts fléchissant au poids des crépuscules

  Pour avoir de trop près soleils aux feux pâlis

  approché ta rougeur de la Lyre et d’Hercule

  Mais la lune à cette heure en robe de mariée

  Traîne à ses talons blancs la nébuleuse et blanc

  blanc comme le matin sur la mer pétrifiée

  Le bélier de l’aurore apprête son élan

  La comète à son front a mis ses étincelles

  Belle négresse ô lune où vas-tu d’un pas lent

  Retrouver ton époux aux yeux de mirabelle

  Dont Vénus bassina le lit d’un corps galant

  Champagnes ruisselez dans les constellations

  Si les vins sont pareils aux étoiles liquides

  Retrouvons ô Bourgogne en toi la création

  Des monstres fabuleux de l’éther et du vide

  Nous ferons apparaître en pressant les raisins

  Mercure et Jupiter et le Cancer et l’Ourse

  En dépit des flambeaux reflétés dans le vin

  Et du soleil baigné dans la fraîcheur des sources

  Toi bel après-minuit escorté de légendes

  Entraîne encore un couple aux valses du désir

  afin que le buveur lassé te redemande

  D’emplir son verre avec le sang des souvenirs.

  BEAUTIFUL AFTER-MIDNIGHT

  Whiter than the snow or the crystals of salt

  Flowers of night are spreading wide their petals

  Growing in the sky to fill the spaces of the vault

  Where a blue horse neighs, kicks, heads for meadows

  And grasslands sown with newly minted stars

  Through harvests of pinpoints and reflected light

  Spattering the sails with its four horseshoes’ flares

  Plunging in deepest shadows milky-white

  Rolling out the ribbon of rhythms long since dead

  The shortest buckling with the weight of day’s last fire

  Suns paled and faded that went too near the red

  Glow of the constellations Hercules and Lyre

  Even now the moon who is robed as a bride

  Drags in her white claws the misty one and white

  White as the morning on ocean petrified

  The ram of the dawn prepares his dashing flight

  The comet is wearing its sparklers on its brows

  You moon black and beautiful moving slow ahead

  Where do you meet your golden-plum-eyed spouse?

  With a splendid body Venus warmed his bed

  You champagnes go streaming through the constellations

  If wines are similar to liquid stars

  Then Burgundy in you let’s recover the creation

  Of fairytale monsters, the ether, empty spheres.

  Cancer and the Bear, Mercury and Jupiter,

  As we press the vintage we shall make them shine

  Never mind the sun bathed in fresh spring-water

  Never mind the torches reflected in the wine

  Beautiful after-midnight with the legends in your train

  Draw another couple to the waltzes of desire

  Till the weary drinker shall ask you once again

  To fill up his glass with blood of memory’s fire!

  LA ROSE AU BORD DE SEINE

  La rose qui fleurit

  aux berges de la Seine

  Fleurit après minuit

  sur les pelouses naines

  Sur les pelouses naines

  où danse le sommeil

  où chantent les sirènes

  Près Pontoise et Corbeil

  Près Pontoise et Corbeil

  à la pêche à la ligne

  Près Thommery et Creil

  où chantent les vieux cygnes

  où chantent les vieux cygnes

  où s’échouent les noyés

  Si l’amour est indigne

  et se fait monnayer

  Et se fait monnayer

  Là où fleurit la rose

  Faudra bien la payer

  Si l’on aime sans cause

  Si l’on aime sans cause

  Sans cause elle a fleuri

  Elle a fleuri la rose


  En Seine près Paris

  En Seine près Paris

  Flottez joyeux cadavres

  Doux amants et maris

  Jusqu’en rade du Havre

  Jusqu’en rade du Havre

  où s’arment les vapeurs

  C’est l’amour qui vous navre

  C’est la mort qui fait peur.

  THE ROSE BY THE SEINE

  There’s a rose that flowers

  All along the Seine

  In the wee small hours

  On each tiny lawn

  On each tiny lawn

  Where the slumbers play

  To the siren song

  By Pontoise and Corbeil

  By Pontoise and Corbeil

  Fishing rods fishing lines

  By Thommery and Creil

  And the crooning swans

  And the old swans crooning

  Where the drowned go down

  If love is demeaning

  And cashed in for coin

  And cashed in for coin

  Where the rosebush flowers

  You must pay for the rose

  If you love without cause

  If you love without cause

  Without cause it flowers

  The flowering rose

  On the Seine by Paris

  On the Seine by Paris

  Float you blithe cadavers

  Sweet husbands and lovers

  To the wharves of Le Havre

  To the wharves of Le Havre

  Where the warships berth

  You are wounded in love

  And our fear is death.

  PAS VU ÇA

  Pas vu la comète

  Pas vu la belle étoile

  Pas vu tout ça

  Pas vu la mer en flacon

  Pas vu la montagne à l’envers

  Pas vu tant que ça

  Mais vu deux beaux yeux

  Vu une belle bouche éclatante

  Vu bien mieux que ça.

  DIDN’T SEE THAT

  Didn’t see the comet

  Didn’t see the lovely star

  Didn’t see all that

  Didn’t see the sea in a bottle

  Didn’t see the mountain inside-out

  Didn’t see that much. But…

  Saw two lovely eyes

  Saw a lovely gorgeous mouth

  Saw much better than that.

  LE RÊVE DANS UNE CAVE

  Tant de flacons étaient brisés dans cette cave

  que l’odeur du vin bu par le sable montait

  Comme un brouillard d’octobre au-dessus des vieux quais

  Et les murs salpêtrés étaient jaunes de lave

  L’araignée en filant sa toile balançait

  son ventre de goulaffe enflé par ces fumées

  ainsi qu’une frégate à l’heure où la marée

  clapote et crève en l’ombre avec un bruit d’abcès

  Belle frégate au nom fabuleux d’amoureuse

  Ta sirène à la proue aux cheveux bien peignés

  T’aurait-elle livrée aux crocs des araignées

  que tu parus soudain dans la toile et nombreuses

  Tes voiles que gonflaient d’infimes aquilons

  Te poussaient toute blanche à l’assaut des ténèbres

  noires comme une mer agitée et que zèbre

  L’écume qui s’enroule au cou des tourbillons

  Belle frégate blanche autant qu’une chemise

  Par une lavandière oubliée dans un champ

  Par une nuit sans astre et sur un fil séchant

  Belle frégate vogue aux merveilles promises

  Car on n’entend nul autre bruit dans ce cachot

  que l’eau qui pleure au sein des conduites sonores

  Et que le bruit des pas montant montant encore

  D’un attardé qui rêve aux douceurs d’un lit chaud.

  THE DREAM IN A CELLAR

  So many bottles shattered in this cellar.

  The wine-soaked sand gave off a rising smell,

  Like fog above old quaysides in the fall,

  And the saltpetred walls were lava-yellow.

  The spider span its thread and poised its greedy

  Paunch that these aromatics magnified,

  Just as a ship does, when the clacking tide

  Is popping like an abscess in the shadow.

  Fine ship, that sleek-haired siren on your prow

  (Your name in legend is a loving lady’s) –

  Would she have left you in the jaws of spiders?

  Abruptly you were in the web – and how

  Crowding, and swelled by base north winds, your sails

  Pushed you, white ship, to wrestle the tenebrous

  Black of an angry sea whipped up to zebras

  By foam that twists about the neck of squalls.

  Fine ship, as white as any shirt a laundress

  Left hanging on the line, abandoned careless,

  Out in the meadow when the night was starless:

  Set sail, fine ship, towards the promised wonders!

  No sound inside the dungeon. Just that tread.

  Water sobs on the bosom of the plumbing.

  Someone, kept late, is climbing, climbing, coming,

  Dreaming the sweetness of a well-warmed bed.

  L’OISEAU MÉCANIQUE

  L’oiseau tête brûlée

  Qui chantait la nuit

  Qui réveillait l’enfant

  Qui perdait ses plumes dans l’encrier

  L’oiseau pattes de 7 lieues

  Qui cassait les assiettes

  Qui dévastait les chapeaux

  Qui revenait de Suresnes

  L’oiseau l’oiseau mécanique

  A perdu sa clef

  Sa clef des champs

  Sa clef de voûte

  Voilà pourquoi il ne chante plus.

  THE MECHANICAL BIRD

  The burnt-head bird

  That sang in the night

  That woke up the child

  That lost its quills in the ink

  The bird with the 7-league feet

  That broke the plates

  That ruined the hats

  Came back from Suresnes

  The bird the mechanical bird

  Has lost its key

  The key of the fields

  The key of the vault

  That’s why it stopped singing.

  LA CHANSON DU PETIT JOUR

  La bague au doigt

  que vous m’aviez donnée

  Je ne sais si je dois

  si je dois pardonner.

  Dans la ville de Lille

  Ils s’étaient séparés

  Adieu! et par la ville

  Tous deux étaient allés

  Au labeur de la mine

  Il noircissait ses mains

  Du poussier pour l’angine

  Du caillou pour la faim.

  La bague au doigt

  que vous m’aviez donnée

  Je ne sais si je dois

  si je dois pardonner.

  Beaucoup souffraient pour elle

  Elle avait de beaux yeux

  Et qu’elle était donc belle

  Avec ses blonds cheveux

  Si belle que pour elle

  Beaucoup aimaient pleurer

  amour à la cruelle

  Vous nous réunirez

  La bague au doigt

  que vous m’aviez donnée

  Je ne sais si je dois

  si je dois pardonner

  Il est mort en Décembre

  noirci par le charbon
<
br />   à l’heure où dans la chambre

  auprès du feu fait bon

  Il pourrit dans la terre

  quelque part dans le nord

  où l’on boit de la bière

  Et tant pis pour les morts

  La bague au doigt

 

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