Surrealist, Lover, Resistant
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Dawn breaks in the forest. All is orange!
Except the birch-trunks marked with chalk.
There, near that tree whose leaves grow old too early, I came across Diana in a natural posture not often described in poems.
Her oval buttocks were outlined between disarranged underwear and the soft green-grey of grass
On a nearby path echoed the step of a keeper
He went past unseen.
While Diana melted in daylight,
like the crescent moon.
At this spot in the forest there are fragments of a bottle
An old book that rain and dew are rotting down to mould
A bird’s feather
A scrap of flint
A footprint deeply etched in the ground
And maybe someone will pass there, the day and hour that I die.
O life, heady life
Blinding and bountiful.
CHANSON DE MONSIEUR DE CHARETTE
Monsieur de Charette a dit
À ceux de Charenton et de Vincennes
C’est aujourd’hui Dimanche, hier était Samedi,
La fuite des jours me fait de la peine.
Monsieur de Charette a dit
J’ai un nom à coucher dehors
Et puis toujours derrière les fesses des chevaux
Ça n’est pas propre, ça n’est pas beau.
Monsieur de Charette a dit
J’en ai assez de rouler dans le crottin,
Moi qui appartiens au gratin
Avec mes deux brancards et ma manivelle.
Monsieur de Charette a dit
Je suis d’un autre âge
Comme les poètes Voiture et Ménage
Qui sont maintenant au paradis.
L’automobile m’a fait beaucoup de tort,
Tous ces chauffeurs sont des butors
Où est-il le temps des cochers?
Il est tard, allons nous coucher.
SONG OF MR CART
Said Mr Cart
To all at Carterton and at Crewe
Incarcerated in fort or zoo
Saturday yesterday Sunday today
I hate the way days flitter away
Said Mr Cart
I’m noted for sleeping out of doors
And being behind the back end of a horse
Not clean not smart
Said Mr Cart
Said Mr Cart
I’m tired of trundling in horse-manure
With a pair of shafts and a handlebar
I’m one of the smart set, someone apart
Said Mr Cart
Said Mr Cart
I come from another age, I’m sure
Like the poet Ménage and the poet Voiture
Who went to heaven because of their art
Said Mr Cart
The horseless carriage has done me down
Show me a chauffeur I’ll show you a clown
When will the carter be cock of the town?
It’s late he said
It’s time for bed.
APRÈS MOI
D’une pluie une goutte,
D’une goutte une poussière.
De poussière en poussières
Un grain de sable.
D’un grain de sable un caillou.
D’un caillou un coup de pied.
Le coup de pied d’un voyageur
Sur la route entre les montagnes.
L’empreinte du pied s’efface dans la poussière.
L’écho se perd de la chanson qu’il chantait.
Un voyageur de moins sur la terre
Toujours semblable à elle-même
Ou si peu s’en faut!
AFTER ME
Drop of rain,
Speck of a drop.
Specks of dust
Sandgrain.
Sandgrain a pebble.
Pebble a kick.
Kick of a wayfarer
On the mountain pass.
Footprint erased in the dust.
Fading echo of song he sang.
One wayfarer the less on this earth
Which stays just the same
Or near enough!
BONSOIR TOUT LE MONDE
– Couché dans ton lit
Entre tes draps,
Comme une lettre dans son enveloppe,
Tu t’imagines que tu pars
Pour un long voyage.
– Mais non, je n’imagine rien.
Je suis pas né d’hier
Je connais le sommeil et ses mystères
Je connais la nuit et ses ténèbres
Et je dors comme je vis.
GOODNIGHT EVERYONE
‘Lying in bed
Between your sheets,
Like a letter in its envelope,
You imagine you’re off
On a long journey.’
‘No, I don’t imagine anything.
I wasn’t born yesterday.
I know sleep and its mysteries
I know night and its shadows
And I sleep as I live.’
L’HOMME QUI A PERDU SON OMBRE
– Où l’ai-je laissée dans quelle cave? dans quel puits?
À quel carrefour du jour et de la nuit?
Dans quelle caverne dans quelle cheminée de fumée et de suie?
– Tu marchais peut-être dans les marais
Au crépuscule ou bien parmi tes effets
Défroque, uniforme aux galons défaits,
(Quel souvenir de jugement et de dégradation!)
Tu l’accrochas par distraction.
– Mais pourquoi cela le gêne-t-il?
L’ombre me paraît tellement inutile
Il n’y a pas de quoi se faire de bile.
– J’essaie de me souvenir
Mais je n’en ai ni la puissance ni peut-être le désir.
– Cherche au fond des rivières
Où tu mirais encore hier
Ton visage qui est ce que tu possèdes de plus cher.
– Quoi? Ni cœur ni sexe ni diamant
Ni l’ivresse du vin et celle des amants
Ne lui paraissent plus précieux et plus charmants.
– Non ce qui m’est le plus cher c’est mon ombre
Qui m’accompagnait sans encombre
Dans les rues bien pavées et les décombres.
– Comme un chien tenu en laisse
Ton ombre pleine de paresse
Était lourde sans qu’il y paraisse.
– Mon ombre était la caverne
Où comme un œil dans son cerne
Taureau de feu vendangeur sanglant hydre de Lerne
Guettaient les rêves taciturnes araignées des citernes.
– Eh bien? Si tu perdis la tienne
Envolée par la fente des persiennes
Sur un chemin de poussières aériennes
Prends-en une autre sans honte ni gêne.
– Voilà qu’il sort son couteau
Et qu’il coupe comme un gâteau
L’ombre immense d’un château.
– De ton ombre s’envolent des ombres
Et ton corps lui-même sombre
Ombre parmi les ombres nombre parmi les nombres.
– Je traîne après moi maintes forteresses
Maints paysages de détresses
Et le regret de ma jeunesse.
– Il abomine le soleil et la lune
Et il recherche sa fortune
Dans l’eau putride des lagunes.
– Voila qu’il jette aux orties
Lundi mardi mercredi jeudi
Vendredi samedi.
– Aujourd’hui c’est Dimanche
C’est le soleil perçant les branches
C’est le muguet c’est la pervenche.
C’est l’oubli des vieux chagrins
Au chapelet le dernier grain
C’est le cheval sans mors ni frein.
Ainsi que sur une image
Mon corps se dresse sur les nuages
Sans ombre et sans âge.
Le vieux tombeau de nos ancêtres
La flamme aux lueurs de salpêtre
Autour de mes membres s’enchevêtre.
Le vieux tombeau de mes pères
Le vieux tombeau c’est la terre
C’est la mer et c’est l’air.
– Ton ombre tombe en ruine
Et tout ton corps se déracine
À l’envers et tombe dans les mines.
– Qu’il disparaisse à jamais
Celui que nulle ombre ne suivait
Celui qui fut l’homme imparfait
Car il faut à l’homme son ombre
Au comptable il faut le nombre
Au château les décombres.
– Je renais baigné de lumière
Je renais vivant sur la terre
P1us féconde et plus prospère
Mon ombre n’appartient pas au soleil
Et la nuit pendant mon sommeil
Mon ombre est là sur moi qui veille
Lasse de suivre les contours
De mon corps pendant le jour
Et de traîner sur terre toujours
Mon ombre enfin sort des limites
Mon ombre enfin sort de son gîte
Et va où son désir l’invite
Mon ombre se confond avec la nuit
Avec le charbon et la suie
Et fume parce que je vis
Mon ombre envahit la moitié du monde
Et flotte avec les vents et les ondes
Avec les fleuves et la mer qui gronde.
– Son ombre est-elle douée de parole?
Elle l’injurie et le console
Et joue pour lui les plus beaux rôles.
– Ton ombre elle est galonnée
Mais elle a mis un faux nez
Et chante un refrain suranné.
– À la croisée des chemins
Ton ombre t’a fait de la main
Un adieu jusqu’à demain.
– Jusqu’à toujours elle est partie
Pour fonder parmi les orties
Dans tes rêves une dynastie.
– Il la retrouvera quand l’heure
Sonnera où sans couleur
Le corps qui meurt perd sa chaleur.
– Mon ombre elle est là dans ma tête
Bien enfoncée dans sa cachette
Mon ombre est sourde aveugle et muette.
– Je suis ton ombre du matin
Celle du jour à son déclin
Et de midi sur les jardins.
– Elle est aussi l’ombre de nuit
C’est elle qui tourne et le suit
Quand le réverbère s’allume et luit.
– Je suis environné d’ombres
Car il est l’ombre de son ombre
Un nombre parmi les nombres.
– Le sang circule dans mes veines
Je m’incarne et pleins d’oxygène
Mes poumons respirent sans peine
Je m’en vais parmi les vivants
Je marche vers la lumière
Et mon ombre n’est pas derrière:
Comme il se doit elle est devant
– J’entendais jadis une voix
Elle se tait et dans les bois
L’écho lui-même se tient coi
– Tu te dissous et moi aussi
Et notre mort sans autopsie
Ne laissera pas trace ici
– J’entends l’orchestre de la fête
Les chants et les cris du travail
Aucun obstacle ne m’arrête
Libre et vivant dans ma conquête
Car les muses sont illusoires
Dont le cœur reste silencieux
Ce n’est pas dans les ciboires
Que le vin se boit le mieux
La vie est au cœur de la vie
Le sang qui chante sous la chair
Dessine la géographie
Du corps, du monde et du mystère
Rapport de l’astre et de la terre
Rassurant témoignage, aimable compagnon
Ombre flexible et jamais solitaire
C’est dans tes plis que nous dormirons.
THE MAN WHO LOST HIS SHADOW
“Where have I
laid it by?
Down what well or
in what cellar?
Was it where the nights and days
cross their ways?
In what cavern have I put it?
In what fireplace, smoked and sooted?”
“Walking in the twilit marsh,
or among your own effects,
unfrocked, stripped of epaulettes,
(verdict and disgrace – what scars!)
you with maladresse mistook,
must have stuck it on a hook.”
Surely, though, a shadow’s rather
non-essential? What’s the bother?
Why get into such a lather?
“Can’t remember – cannot figure.
No desire, and still less vigour.”
“Search and drag the rivers where
yesterday I saw you stare
at your dear face, mirrored there.”
What? Not heart nor sex nor sapphires,
drunkenness of wine and lovers,
seem more precious, charm him better.
“More than all I loved my shadow,
staunch companion, faithful Fido,
on the pavement, in the gutter.”
“What a weight, your shiftless shade!
Like a dog that tugs a lead:
quite deceptive, what it weighed!”
“No, my shadow was the cavern.
Eyeball-orb in orbit-haven,
stubble-bull and bleeding Hydra,
silent dreams, that spied a spider.”
“Very well, if yours got lost,
flitted through a slatted blind
on a path of airy dust –
take another, never mind!”
This is when he takes his dirk,
cuts the shadow, like a cake,
from a castle, vast and dark.
“From your shadow shadows gambol,
and your frame itself shall stumble,
just one number, one penumbra.”
“Dragged behind me, fortresses,
countrysides of miseries,
sorrows of my tender years.”
He detests the sun and moon,
searches, hoping for a boon,
each malodorous lagoon.
In the nettles he has thrown
all six weekdays one by one.
Now it’s Sunday and the sun
shines on periwinkle alley,
parts the foliage, O sole
mio, lily-of-the-valley.
“It is old regrets forgot,
bead of penance ultimate,
horse with neither rein nor bit.
Like an image my corsage
rises up on a mirage,
has no shadow, has no age.
At our old ancestral tomb
the saltpetre-tinted flame
tangles closely with my frame.
All my forebears, buried there!
I
t is earth, that sepulchre,
it is sea and it is air.”
“Ruined shadow falling prone,
all your body is undone,
tumbling down a mineshaft, gone.”