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Surrealist, Lover, Resistant

Page 32

by Robert Desnos

To the bright light’s radiant source.

  Stars should deck you out like jewels,

  Prisoners in deepest jails

  See you pass their breathing-holes.

  Don’t-care, she-bear, penman’s plume,

  Bear that roars and slavers spume,

  Hammer-spark in forging-room.

  Don’t-care, she-bear of the fable,

  Footprints in the sand, unstable,

  Fraying like a worn-out cable.

  I hear heavy tread go by,

  I hear shouts and revelry,

  Hear my friends who sing and cry.

  Heavy though the tread may be,

  Yet the new-born day shall see

  Birth of love and liberty.

  Born at once or ages hence,

  Blood and light, deliverance

  Freshening four elements.

  Bear and city, small beside

  Heavy swell I feel world-wide,

  Great invasion, great flood-tide.

  Great Bear shining in the sky!

  Wide awake, alert I lie,

  Hear my friends who sing and cry.

  HISTOIRE D’UNE ABEILLE

  Abeille bruissante des matins d’été,

  Abeille qui bourdonnes dans la tasse,

  Abeille où es-tu allée?

  Abeille bruissante et jamais lasse.

  J’ai construit ma ruche

  Dans la cervelle d’un enfant

  Mais tant va l’abeille à la cruche

  Que la fleur fleurit dedans.

  Ce furent d’abord les yeux étonnés

  Et le miel, et la cire bien construite,

  Le sourire et le rire et le mot chantonné

  Et la question jamais détruite.

  Tant qu’à force de bourdonner

  Dans la cervelle de l’enfant

  Il finit par s’en étonner

  Et par inquiéter ses parents.

  Quand il fut approvisionné

  De miel et de cire bien mûrs

  Alors je l’ai abandonné

  Dans le baiser d’une piqûre.

  Mais nul jamais ne fera sortir de sa mémoire

  Mon bourdonnement a moi, l’abeille,

  Et jamais il ne voudra croire

  Aux mots pourris qu’on glisse dans l’oreille,

  Qu’on glisse sournoisement

  Dans l’oreille des enfants,

  Avec la complicité des parents.

  TALE OF A BEE

  Buzzing bee on summer morn,

  Bee that buzzes in the cup:

  Buzzing bee, where have you gone?

  Buzzing, never letting up.

  I built my hive

  In a little one’s brain,

  For my bud to thrive

  Came again and again.

  First, the eyes’ astonishment:

  Honey’s waxen bastion.

  Smiles and laughs and babblement,

  One persistent question.

  So much did I hum

  In the little one’s head,

  The child was struck dumb,

  The parents dismayed.

  When the child was well supplied,

  Comb of honey mellowing,

  Then it was I left its side,

  With a kiss that was a sting.

  Child for ever after hears

  Buzz of busy hive,

  Disregards

  Rotten words

  Slyly slipped in little ears,

  Parents that connive.

  TERRE

  Un jour après un jour,

  Une vague après une vague.

  Où vas-tu? Où allez-vous?

  Terre meurtrie par tant d’hommes errants!

  Terre enrichie par les cadavres de tant d’hommes.

  Mais la terre c’est nous,

  Nous ne sommes pas sur elle

  Mais en elle depuis toujours.

  EARTH

  A day, another day,

  A wave, another wave.

  Where are you going? One and all?

  Earth bruised by so many wanderers!

  Earth enriched by so many of our corpses.

  But the earth is ourselves,

  We are not on it,

  But in it, and always have been.

  RÊVES

  Poser sa tête sur un oreiller

  Et sur cet oreiller dormir

  Et dormant rêver

  À des choses curieuses ou d’avenir

  Rêvant croire à ce qu’on rêve

  Et rêvant garder la notion

  De la vie qui passe sans trêve

  Du soir à l’aube sans rémission.

  Ceci est presque normal,

  Ceci est presque délicieux

  Mais je plains ceux

  Qui dorment vite et mal,

  Et, mal éveillés, rêvent en marchant.

  Ainsi j’ai marché autrefois,

  J’ai marché, agi en rêvant,

  Prenant les rues pour les allées d’un bois.

  Une place pour les rêves

  Mais les rêves à leur place.

  DREAMS

  To put your head on a pillow

  On a pillow to sleep and dream

  To dream of the unusual,

  Perhaps of things to come,

  To dream a dream and believe it

  Keeping this notion in sight

  With nothing to halt or reprieve it

  Life runs to the dawn, all night

  And this is almost normal

  It’s almost a tasty treat

  I’m sorry for those people

  Who sleep très mal and trop vite

  They wake up all wrong, walk dreaming

  Time was when I walked just so

  I walked and I acted dreaming

  Thought the streets were a woodland stroll.

  A place for dreams

  But dreams in their place.

  ALORS LA TROMPETTE

  Alors la trompette retentira à toutes les portes de la ville

  Et des oiseaux s’envoleront au bruit des fanfares.

  Ils voleront longtemps au-dessus de la ville

  Et, quand ils se posent,

  Déjà nous reposerons

  Heureux, joyeux, le cœur contenté.

  Dormant dans la nuit qui précédera le premier lever de soleil du bonheur retrouvé.

  THEN THE TRUMPET

  Then the trumpet shall sound at all the gates of the city

  And birds take flight at the noise of the fanfares.

  They shall fly for a long time above the city

  And when they settle

  We shall already be at rest

  Happy, joyful, the heart contented,

  Sleeping in the night before the first sunrise of happiness regained.

  À CINQ HEURES

  À cinq heures du matin dans une rue neuve et vide j’entends le bruit d’une voiture qui s’éloigne.

  Un avertisseur d’incendie a sa glace brisée et les debris de verre resplendissent dans le ruisseau.

  Sur le pavé il y a une flaque de sang et un peu de fumée se dissout dans l’air.

  Ohé! Ohé! racontez-moi ce qui s’est passé.

  Éveillez-vous! Je veux savoir ce qui s’est passé.

  Racontez-moi les aventures des hommes.

  AT FIVE O’CLOCK

  At five o’clock in the morning in a new, empty street I hear the noise of a car driving away.

  A fire alarm has had its glass broken and the fragments are sparkling in the gutter.

  On the cobbles there is a small pool of blood and there is smoke dissolving in the air.

 
Hey! Hey! Tell me what’s happened.

  Wake up! I want to know what’s happened.

  Tell me the adventures of men.

  AUJOURD’HUI JE ME SUIS PROMENÉ…

  Aujourd’hui je me suis promené avec mon camarade,

  Même s’il est mort,

  Je me suis promené avec mon camarade.

  Qu’ils étaient beaux les arbres en fleurs,

  Les marronniers qui neigeaient le jour de sa mort.

  Avec mon camarade je me suis promené.

  Jadis mes parents

  Allaient seuls aux enterrements

  Et je me sentais petit enfant.

  Maintenant je connais pas mal de morts,

  J’ai vu beaucoup de croque-morts

  Mais je n’approche pas de leur bord.

  C’est pourquoi tout aujourd’hui

  Je me suis promené avec mon ami.

  Il m’a trouve un peu vieilli,

  Un peu vieilli, mais il m’a dit

  Toi aussi tu viendras où je suis,

  Un Dimanche ou un Samedi,

  Moi, je regardais les arbres en fleurs,

  La rivière passer sous le pont

  Et soudain j’ai vu que j’étais seul.

  Alors je suis rentré parmi les hommes.

  TODAY I WENT FOR A WALK…

  Today I went for a walk with my friend,

  Even if he is dead,

  I went for a walk with my friend.

  The trees in flower were so beautiful,

  The chestnut-trees, that were snowing the day he died.

  With my friend I went for a walk.

  Years ago my parents

  Would go to funerals without me

  And I knew I was a small child.

  Now I know plenty of dead people,

  I’ve seen plenty of undertakers’ mutes

  But I steer clear of them.

  That’s why only today

  I went for a walk with my friend.

  He found me a bit older,

  A bit older, but he told me:

  You’ll come where I am,

  One Sunday or Saturday.

  I looked at the trees in flower,

  The river going under the bridge

  And suddenly saw I was alone.

  So I went back to the world of men.

  COUPLET DES PORTES SAINT-MARTIN ET SAINT-DENIS

  Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis,

  Voir briller la lune à travers la voûte,

  Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis,

  Du nord vers le sud s’allonge la route,

  Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin,

  Au nord ou au sud suivre son chemin,

  Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin,

  Passer sous la voûte au petit matin,

  Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis,

  Boire un café noir avec des amis,

  Porte Saint-Martin, Porte Saint-Denis,

  Quand le ciel blanchit au petit matin,

  Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin,

  Dans l’aube noyer les anciens chagrins,

  Partir en chantant vers un but lointain,

  Avec nos copains, avec nos amis,

  Porte Saint-Denis, Porte Saint-Martin

  Par un beau soleil, par un beau matin.

  SONG OF THE ST MARTIN AND ST DENIS GATES

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  See the moon shining through the arch.

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  From north to south the road runs on,

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  Northward or southward on the march,

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  Pass at first light beneath the arch,

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  With friends to drink black coffee down,

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  When at first light the sky is white,

  St Martin Gate, St Denis Gate,

  Drowning old sorrows in the dawn,

  Start a long journey with a song,

  Our friends and mates all come along,

  St Martin Gate, St Denis Gate

  On a fine morning, in the sun.

  COUPLETS DE LA RUE SAINT-MARTIN

  Je n’aime plus la rue Saint-Martin

  Depuis qu’André Platard l’a quittée.

  Je n’aime plus la rue Saint-Martin,

  Je n’aime rien, pas même le vin.

  Je n’aime plus la rue Saint-Martin

  Depuis qu’André Platard l’a quittée.

  C’est mon ami, c’est mon copain.

  Nous partagions la chambre et le pain.

  Je n’aime plus la rue Saint-Martin.

  C’est mon ami, c’est mon copain.

  Il a disparu un matin,

  Ils l’ont emmené, on ne sait plus rien.

  On ne l’a plus revu dans la rue Saint-Martin.

  Pas la peine d’implorer les saints,

  Saints Merri, Jacques, Gervais et Martin,

  Pas même Valérien qui se cache sur la colline.

  Le temps passe, on ne sait rien.

  André Platard a quitté la rue Saint-Martin.

  SONG OF THE RUE ST-MARTIN

  St Martin Street’s no good at all

  Now Andrew Platt’s not there at all.

  St Martin Street’s no good at all,

  Nor’s wine, nor’s anything at all.

  St Martin Street’s no good at all

  Now Andrew Platt’s not there at all.

  He is my friend, he is my pal.

  We shared our room, our bread and all.

  St Martin Street’s no good at all.

  He is my friend, he is my pal.

  One morning he was gone, that’s all.

  We know they’ve taken him, that’s all.

  He’s not been seen again at all.

  Prayers to saints won’t help at all,

  Saints Martin, Merry, James and all,

  Nor shy Valerian up the hill.

  Time passes and we know dam-all.

  Now Andrew Platt’s not there, that’s all.

  COUPLETS DE LA RUE DE BAGNOLET

  Le soleil de la rue de Bagnolet

  N’est pas un soleil comme les autres.

  Il se baigne dans le ruisseau

  Il se coiffe avec un seau,

  Tout comme les autres.

  Mais quand il caresse mes épaules,

  C’est bien lui et pas un autre,

  Le soleil de la rue de Bagnolet

  Qui conduit son cabriolet,

  Ailleurs qu’aux portes des palais,

  Soleil, soleil ni beau ni laid,

  Soleil tout drôle et tout content,

  Soleil de la rue de Bagnolet,

  Soleil d’hiver et de printemps,

  Soleil de la rue de Bagnolet,

  Pas comme les autres.

  SONG OF THE RUE DE BAGNOLET

  The sun in rue de Bagnolet

  Is not a sun like any sun.

  Swims in brook and trims his nut

  With a pudding-basin cut,

  Just like any other sun.

  When he strokes my shoulders, though,

  I just know it’s him, I know,

  Sun in rue de Bagnolet

  Geeing-up his cabriolet,

  Not to palace gates he’ll get

  But to quite another place,

  Sun, not fair nor foul of face,

  Happy sun, sun of fun,

  Sun in rue de Bagnolet,

  Winter sun, spring sun,

  Sun in rue de Bagnolet,

  Not a sun
like any sun.

  COUPLET DU TROTTOIR D’ÉTÉ

  Couchons-nous sur le pavé

  Par le soleil chauffé, par le soleil lavé,

  Dans la bonne odeur de poussière

  De la journée achevée

  Avant la nuit levée

  Avant la première lumière

  Et nous guetterons dans le ruisseau

 

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