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LE GRAND VOYAGE

Page 24

by Jean M. Auel


  Ils descendirent de leur monture et menèrent les chevaux à travers la saulaie. Ils marchaient en silence, appréciant l’ombre rafraîchissante des feuillages qui se balançaient au gré du vent et tachetaient l’herbe inondée de soleil. Ils aperçurent au loin dans la prairie des aurochs qui paissaient tranquillement. Ils avançaient vent arrière, et lorsque le troupeau renifla leur odeur, il s’éloigna rapidement. Ces animaux ont déjà été chassés par des humains, se dit Jondalar.

  Tout en marchant, les chevaux broutaient de pleines brassées d’herbe. Ayla s’empressa d’ôter le harnais de Whinney.

  — Pourquoi t’arrêtes-tu ? demanda Jondalar.

  — Les chevaux veulent brouter. Je pensais que nous pouvions les attendre.

  — Nous ferions mieux de continuer, protesta Jondalar, l’air soucieux. Je suis sûr que cette île est habitée, et j’aimerais d’abord savoir par qui.

  — Oh, c’est vrai ! Tu disais que la fumée venait d’ici ! Cet endroit est tellement beau que j’avais presque oublié, dit Ayla en souriant.

  Le terrain s’élevait, et des aulnes, des peupliers et des saules blancs se mêlaient maintenant, modifiant la couleur des feuillages argentés de la saulaie. Bientôt des sapins, et une ancienne race de pins, aussi vieille que les montagnes elles-mêmes, enrichirent le camaïeu de vert sombre, éclairci par quelques mélèzes, et qu’illuminaient des touffes d’herbe dorée ondulant dans la brise. Des lierres grimpaient aux arbres, des lianes tombaient en cascade des branches, et dans la vallée encaissée, de jeunes chênes pubescents et des fourrés de noisetiers participaient à ce merveilleux tableau vivant.

  L’île s’élevait d’à peine huit mètres au-dessus du niveau de l’eau. Suivait un long plateau, sorte de steppe miniature, parsemé de fétuques et de stipes plumeux jaunis par le soleil. Ils parvinrent de l’autre côté de l’île. Des dunes de sable, où s’accrochaient des roseaux des sables, des panicauts et des choux marins, descendaient abruptement dans une crique étroite, presque une lagune, aux rives plantées de hauts roseaux aux épillets violacés, de massettes et de joncs, ainsi que de quantité de plantes aquatiques. Dans la crique, les nénuphars étaient si nombreux qu’on distinguait à peine l’eau, et sur les grandes feuilles rondes, perchaient un nombre incalculable de hérons.

  Derrière l’île, on apercevait le vaste lit boueux du bras le plus au nord de la grande rivière. Près de l’extrémité de l’île, ils virent un cours d’eau claire se jeter dans le bras principal, et Ayla contempla avec ravissement les deux courants, l’un transparent, l’autre chargé de limon marron, s’interpénétrer sans se mélanger d’abord, jusqu’à ce que l’eau boueuse finît par étouffer la clarté de la petite rivière.

  — Tu as vu ça, Jondalar ? s’écria Ayla en désignant les deux courants parallèles.

  — C’est à ça qu’on reconnaît la Grande Rivière Mère, expliqua Jondalar. Ce bras te conduira droit à la mer. Oh, regarde !

  Derrière un bosquet d’arbres, de l’autre côté de la crique, un filet de fumée montait vers le ciel. Ils avancèrent dans cette direction. Ayla se réjouissait déjà, mais Jondalar se méfiait. Si la fumée provenait d’un feu, pourquoi n’avaient-ils aperçu personne ? Les habitants auraient dû les voir, pourtant. Pourquoi ne venait-on pas les accueillir ? Il raccourcit la longe de Rapide et lui flatta l’encolure pour le rassurer.

  En découvrant les contours d’une tente conique, Ayla sut qu’ils approchaient d’un Camp, et elle avait hâte de connaître ceux qui y vivaient. Peut-être même étaient-ce des Mamutoï, se dit-elle en faisant signe à Whinney de rester près d’elle. Loup avait adopté son attitude défensive, et elle siffla le signal qu’elle lui avait appris. Il s’élança près d’elle et ils pénétrèrent ensemble dans le petit campement.

  11

  Ayla pénétra dans le Camp, suivie de près par Whinney, et marcha jusqu’au foyer d’où s’échappaient encore des volutes de fumée. Cinq abris étaient disposés en demi-cercle, et devant celui du milieu on avait creusé un trou pour y faire le feu qui brûlait encore. A l’évidence, le Camp avait été utilisé peu auparavant, mais personne ne se montra pour les accueillir. Ayla inspecta les lieux, jeta un coup d’œil à l’intérieur des habitations. Personne. Surprise, elle examina les abris et le Camp afin de recueillir des informations sur ses habitants, et découvrir la cause de leur départ.

  Les tentes coniques ressemblaient à celles qu’utilisaient les Mamutoï pour leur Camp d’été. Mais alors que les Chasseurs de Mammouths se donnaient plus d’espace en leur adjoignant des tentes semi-circulaires en peau de bête, souvent soutenues par une perche, ce Camp-ci fabriquait des auvents de roseaux et de joncs tressés. Certains étaient de simples toits inclinés soutenus par des perches flexibles, d’autres en revanche étaient clos, constructions de chaume et de nattes reliées à l’abri principal.

  Devant l’entrée de la tente la plus proche, Ayla aperçut des racines de massettes entassées sur une natte de roseaux, et à côté, deux paniers. L’un était finement tressé et contenait une eau légèrement boueuse, l’autre était à moitié plein de racines pelées d’un blanc éclatant. Elle marcha jusqu’au panier et palpa une des racines. Elle était encore humide ; on l’avait épluchée depuis peu.

  En la reposant, elle remarqua un objet étrange sur le sol. Tissé avec des feuilles de massettes, il ressemblait à un personnage, avec deux bras et deux jambes, et un morceau de cuir souple enroulé comme une tunique. Sur son visage on avait dessiné au charbon de bois deux petits traits pour marquer les yeux, et un troisième arrondi en sourire. Des touffes de stipes plumeux attachées sur la tête représentaient les cheveux.

  Ceux avec qui Ayla avait grandi ne fabriquaient pas de figurines. Ils se servaient parfois de symboles, comme les cicatrices sur sa jambe, pour désigner les totems. Petite fille, elle avait été griffée par un lion des cavernes qui avait laissé quatre entailles profondes sur sa cuisse gauche ? Le Clan utilisait une marque identique pour représenter le totem du lion des cavernes. C’était ce qui avait persuadé Creb que le Lion des Cavernes était bien son totem, quoiqu’il fût considéré comme un totem masculin. L’Esprit du Lion des Cavernes l’avait choisie et marquée, et était désormais son protecteur.

  D’autres totems étaient symbolisés de la même manière, par de simples signes dérivés des attributs de l’animal, ou de la gestuelle du langage. La première véritable image qu’elle vit fut le rapide croquis d’un animal que Jondalar avait dessiné sur un morceau de cuir qu’il utilisait comme cible. La petite figurine sur le sol la stupéfia. Soudain elle comprit. Elle n’avait jamais eu de poupée dans son enfance, mais elle se souvint que les enfants des Mamutoï jouaient avec des objets similaires ; la figurine était donc un jouet d’enfant !

  Juste avant leur arrivée, une femme était assise là, avec son enfant, Ayla en était convaincue. Elle avait dû fuir précipitamment pour abandonner ainsi sa nourriture, sans même emporter le jouet de son enfant. Pourquoi une telle hâte ?

  En se retournant, elle vit Jondalar, tenant toujours Rapide par le licol, agenouillé au milieu d’éclats de silex qu’il examinait attentivement.

  — Cette excellente pointe a été ébréchée par un geste maladroit, déclara-t-il en se relevant. Il suffisait d’un rien pour la terminer, mais la main a été trop lourde et elle a manqué son but... on dirait que le tailleur de silex a été subitement dérangé. Ah, voilà le percuteur ! Il l’a abandonné.

  L’usure profonde de la dure pierre ovale témoignait de son ancienneté, et Jondalar, en bon tailleur de silex, avait du mal à imaginer qu’on pût oublier un outil aussi précieux.

  Ayla promena son regard dans le campement et aperçut des filets de pêche étendus sur un séchoir, et des poissons qui jonchaient le sol. L’un d’eux avait été éventré, et de toute évidence, celui ou celle qui le préparait avait brutalement interrompu son travail.

  — Il y avait encore du monde il n’y a pas si longtemps, et ils ont fui à la hâte, remarqua Ayla. Le feu brûle encore. Où sont-ils donc passés ?


  — Je n’en sais rien, mais tu as raison. Ils ont décampé à toute allure. Ils ont tout abandonné et... et ils se sont enfuis. On dirait... on dirait qu’ils avaient peur.

  — Oui, mais peur de quoi ? s’étonna Ayla en regardant autour d’elle. Je ne vois rien.

  Jondalar avait l’air perplexe. Il aperçut alors Loup renifler le Camp abandonné, furetant dans l’entrée des tentes et fourrant son nez sur chaque objet qui traînait. Son attention se reporta ensuite sur la jument louvette qui broutait à proximité, tirant toujours le travois surmonté du canot, étrangement indifférente aux humains et au loup. Le jeune étalon suivait docilement Jondalar. Des paniers de chaque côté de sa croupe, une couverture sur le dos, tenu par sa longe, il attendait.

  — C’est précisément ce qui m’inquiète, Ayla. Nous ne savons pas d’où vient le danger.

  Loup interrompit ses recherches, scruta fixement les bois, et s’élança.

  — Loup ! appela Jondalar.

  L’animal s’arrêta et le regarda en remuant la queue.

  — Ayla, dis-lui de revenir. S’il trouve les habitants de ce Camp, il va les effrayer encore plus.

  Au sifflement d’Ayla, Loup accourut. Elle lui flatta le cou en considérant Jondalar d’un air dépité.

  — Tu crois qu’on leur a fait peur ? Tu crois qu’ils se sont enfuis à cause de nous ?

  — Souviens-toi du Camp des Fougères, et de la manière dont ils nous ont reçus. Mets-toi à la place de ces gens qui nous voient pour la première fois. Nous voyageons avec deux chevaux et un loup, Ayla ! A la Réunion d’Été, les Mamutoï, eux-mêmes, ont mis du temps avant de s’habituer, et pourtant, nous étions avec le Camp du Lion. Quand on y pense, Talut a été bien courageux de nous inviter dans son Camp avec nos chevaux.

  — Alors, que proposes-tu ?

  — Je crois que nous devrions partir. Les habitants de ce Camp se terrent probablement dans les bois en pensant que nous venons du monde des esprits. C’est ce que je croirais si je voyais débarquer des étrangers comme nous.

  — Oh, Jondalar ! gémit Ayla qui ne pouvait cacher sa déception, accablée par un violent sentiment de solitude. Je me réjouissais tellement de rencontrer des humains. (Elle contempla le Camp une dernière fois, et hocha la tête d’un air grave.) Tu as raison. S’ils ont peur et qu’ils ne veulent pas nous recevoir, nous devons partir. Je regrette de ne pas avoir rencontré la femme et l’enfant qui ont laissé cette chose-jouet, j’aurais aimé leur parler. (Elle se dirigea vers Whinney qui paissait à la sortie du Camp.) Je ne veux pas qu’on ait peur de moi ! s’écria-t-elle, désolée. Aurons-nous jamais l’occasion de parler à des étrangers ?

  — Pour les étrangers, je n’en suis pas sûr. Mais nous pourrons rendre visite aux Sharamudoï. Ils seront peut-être un peu soupçonneux au début, mais ils me connaissent. Tu sais comment sont les gens, une fois la peur passée, les animaux les intriguent beaucoup plus qu’ils ne les effraient.

  — Comme je regrette que nous ayons effrayé ceux-là. Si on leur laissait un cadeau, même sans avoir partagé leur hospitalité ? proposa Ayla en fouillant dans son panier. De la nourriture leur plairait, tu crois ? Oui, de la viande. Ce serait bien.

  — Bonne idée. Et j’ai des pointes de rechange. Je vais remplacer celle que le tailleur de silex a gâchée. Il n’y a rien de plus décevant que de gâcher un outil qu’on était sur le point de terminer.

  En sortant son étui à outils, Jondalar se remémora les étrangers qu’ils avaient rencontrés avec son frère au cours de leur Voyage. On les avait toujours bien reçus et souvent aidés. Plusieurs fois, on leur avait sauvé la vie. Mais s’ils faisaient peur aux inconnus, qu’adviendrait-il d’eux s’ils avaient besoin d’aide ?

  Ils quittèrent le Camp, escaladèrent les dunes et, arrivés sur le plateau de l’étroite petite île, ils firent une halte. Ils contemplèrent la fine colonne de fumée, et la rivière boueuse qui courait vers l’étendue bleue de la mer de Beran. Sans mot dire, ils remontèrent à cheval et obliquèrent vers l’est pour avoir une meilleure et dernière vue de la vaste mer intérieure.

  Arrivés à l’extrémité de l’île, ils se trouvèrent si près de la mer clapoteuse qu’ils distinguèrent les vagues qui se brisaient sur les barres sablonneuses avec des gerbes d’écume. Ayla, le regard perdu dans le lointain, crut reconnaître le paysage qu’elle apercevait à l’horizon. Elle se souvenait de l’endroit où elle avait grandi, la caverne du clan de Brun, à l’extrémité méridionale de la péninsule. C’était là qu’elle avait donné le jour au fils qu’elle avait abandonné quand elle avait été damnée.

  A-t-il beaucoup grandi ? se demanda-t-elle. Je suis sûre qu’il est plus grand que les garçons de son âge. Est-ce qu’il est fort ? En bonne santé ? Est-il heureux ? Se souvient-il seulement de moi ? Ah, j’aimerais tant savoir ! Comme j’aimerais le revoir ! C’est ma dernière chance. Après, Jondalar a l’intention de continuer par l’ouest. Plus jamais elle ne se trouverait aussi près de son clan et de Durc. Pourquoi ne pas faire un détour par l’est ? S’ils contournaient la côte, ils atteindraient la péninsule en quelques jours. Jondalar lui avait promis qu’il l’accompagnerait si elle voulait retrouver Durc.

  — Oh, Ayla, regarde ! J’ignorais qu’il y avait des phoques dans la mer de Beran ! Je n’ai plus revu ces animaux depuis mon enfance, quand j’avais accompagné Willomar dans une randonnée, raconta Jondalar, la voix pleine d’excitation et de nostalgie. Il nous avait emmenés, Thonolan et moi, voir les Grandes Eaux, et le peuple qui vit au bord de la mer nous avait conduits en bateau plus au nord. As-tu déjà vu des phoques ?

  A l’endroit que Jondalar lui indiquait, Ayla vit plusieurs créatures à la ligne fuselée, au poil noir brillant, au ventre gris clair, gauchement affalées sur un banc de sable, derrière des rochers à demi submergés. La plupart des phoques plongèrent bientôt à la poursuite d’un banc de poissons. Ils les virent remonter brusquement à la surface, alors que les derniers, les plus petits et les plus jeunes, plongeaient à leur tour dans la mer. Ils disparurent aussi vite qu’ils étaient venus.

  — J’en avais déjà vu de loin, dit Ayla, pendant la saison froide. Ils aimaient se reposer sur les bancs de glace. Le clan de Brun ne les chassait pas. On ne pouvait pas les approcher, bien que Brun m’ait dit un jour qu’il en avait aperçu sur des rochers, près d’une grotte marine. Certains croyaient que c’étaient des esprits aquatiques. Pourtant, j’ai vu un jour des bébés phoques, et je doute que les esprits aquatiques aient des bébés. J’ignorais où ils allaient l’été, sans doute venaient-ils ici.

  — Quand nous serons chez moi, je t’emmènerai aux Grandes Eaux. Tu n’en croiras pas tes yeux, Ayla. Ici, la mer a l’air grande, bien plus qu’aucun lac, et on m’a dit qu’elle était salée, mais ce n’est rien en comparaison des Grandes Eaux. On dirait le ciel, personne n’en a jamais vue la fin.

  La voix de Jondalar trahissait son impatience, et Ayla constata à quel point il avait hâte d’être de retour dans son pays. Elle savait qu’il n’hésiterait pas à l’accompagner à la recherche du clan de Brun si elle le lui demandait. Oui, il viendrait par amour pour elle. Mais elle l’aimait aussi, et elle savait qu’il serait mécontent d’être retardé. Elle contempla la vaste étendue d’eau, puis ferma les yeux pour retenir ses larmes.

  De toute façon, elle ignorait où diriger ses recherches. En outre, ce n’était plus le clan de Brun, c’était celui de Broud, et on ne l’accueillerait pas à bras ouverts. Broud l’avait maudite. Pour le Clan, elle était morte désormais, elle n’était plus qu’un esprit. Si Jondalar et elle avaient terrorisé le Camp sur l’île à cause des animaux et du pouvoir apparemment surnaturel qu’ils exerçaient sur eux, qu’en serait-il pour le Clan ? Ils provoqueraient une jolie frousse, même pour Uba et Durc. A leurs yeux, elle serait une revenante du monde des esprits, et les animaux n’en seraient qu’une preuve supplémentaire. Ils croyaient que les esprits revenaient de la terre des morts pour les tourmenter.

  Une fois en route pour l’ouest, ce serait la fin. Durc ne serait pl
us qu’un souvenir qui la hanterait jusqu’à son dernier jour, elle n’aurait plus aucune chance de le revoir. Elle devait se décider. Elle croyait avoir déjà fait ce choix, il y avait bien longtemps, et la vive douleur qu’elle ressentait ne l’en surprenait que plus. Elle détourna la tête pour que Jondalar ne vît pas ses larmes, et adressa un dernier salut muet à son fils bien-aimé. Un immense chagrin l’envahit, un chagrin qui resterait pour toujours dans son cœur comme une plaie amère, elle le savait.

  Ils tournèrent le dos à la mer et avancèrent dans la steppe dont l’herbe leur arrivait à la taille, laissant aux chevaux le temps de se reposer et de brouter. Le soleil était haut dans le ciel, il faisait chaud et la grande île baignait dans la lumière. La chaleur montait du sol en vagues miroitantes, embaumant l’air de l’arôme suave de la terre et des plantes. Abrités sous leur chapeaux de paille, ils avançaient sur l’étroite bande de terre dénuée d’arbres. L’eau qui s’évaporait des bras de rivière environnants alourdissait l’air d’humidité, et la sueur perlait sur leur corps recouvert de poussière. La rare brise marine était la bienvenue, brise intermittente exhalant les riches senteurs des eaux profondes.

  Ayla s’arrêta pour dénouer la fronde qui ceignait son front, et elle la glissa sous sa ceinture pour la protéger de l’humidité. Suivant l’exemple de Jondalar, elle la remplaça par une bande de cuir souple nouée sur la nuque afin d’absorber la sueur qui ruisselait sur son front.

  Elle reprit sa marche et vit une sauterelle d’un vert terne sauter comme un ressort, et s’aplatir dans l’herbe, camouflée par sa couleur. Elle en aperçut une autre, et encore une. Elles jaillissaient de partout, lui rappelant le gigantesque essaim de criquets. Mais les sauterelles n’étaient qu’une des multiples variétés d’insectes pullulant dans la steppe. Des papillons dansaient parmi les épis de fétuques, fiers de leurs couleurs éclatantes, et un inoffensif faux bourdon, semblable à l’abeille, virevoltait autour d’un bouton d’or.

 

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